Marie Baldenweck

Directeur de mémoire : Sylvain Morin
Entre front urbain et terres agricoles : comment penser une articulation qui allie développement urbain et pratiques agricoles dans un projet commun ?

Là où l’histoire occidentale raconte un lien indéniable de co-construction entre la ville et les terres cultivées, qui étaient à la fois une évidence et une nécessité fonctionnelle, la société actuelle présente deux mondes qui se côtoient souvent avec difficulté, voire qui s’opposent entre front urbain et territoire agricole. Cette réalité s’est déployée avec la transformation des énergies fossiles qui a entrainé à la fois le développement urbain et industriel ainsi que les réseaux qui en découlent mais également les pratiques agricoles avec la mise en place d’une agriculture intensive. Ainsi la ville s’étend au-delà de ses limites et conquiert peu à peu les terres jusque-là dédiées à l’agriculture obligeant cette dernière à se rétracter. Mais au-delà des villes, c’est le monde rural qui s’urbanise dans une société qui transforme ses modes de vie. Malgré l’inversion des migrations qui s’effectuent aujourd’hui bel et bien de la ville vers les campagnes, ce ne sont pas les campagnes qui se voient repeuplées mais bien les urbains qui se réapproprient les espaces ruraux. On se trouve alors aujourd’hui dans un contexte de plus en plus urbain qui peine à prendre en compte l’agriculture, qui au-delà d’être une activité humaine répond à bien d’autres fonctions, qu’elles soient environnementales, nourricières et paysagères. Cependant la pression foncière écrase cette agriculture qui n’a plus les moyens de se défendre.
Il faut tout de même noter la prise de conscience qui est aujourd’hui de plus en plus affirmée de la nécessité de préserver le patrimoine agricole et surtout de protéger les terres cultivables, en les préservant de l’urbanisation. Ainsi les communes intègrent davantage la protection de ces espaces dans leurs documents d’urbanisme et les associations porteuses de projets dans le sens d’une valorisation agricole et surtout d’une agriculture périurbaine se multiplient. Cependant il semble qu’il n’existe pas de réelle cohésion. Il est difficile de trouver une cohérence entre ces actions ponctuelles qui sont difficiles à rassembler en un projet commun qui donnerait une nouvelle légitimité aux espaces agricoles mais aussi à la pratique agricole qui a du mal à se défendre et à survivre. Cette problématique est présente sur la commune de Wittenheim.
La commune de Wittenheim fait partie des anciennes cités minières proche de Mulhouse. Ces communes se sont largement développées au siècle dernier jusqu’à se toucher, formant aujourd’hui un tissu urbain continu. Le territoire agricole a été peu à peu grignoté mais garde une place importante. La commune de Wittenheim est comprise entre forêt à l’ouest et champs à l’est. Par ailleurs elle possède dans son tissu urbain un carré d’une soixantaine d’hectares de grandes cultures. Cette portion de terres agricoles qui était vouée à l’urbanisation a finalement été préservée dans la récente modification du PLU et suscite la révision de celui-ci pour être éventuellement constructible. Cela pose alors la question de la place de cet espace agricole au coeur de la ville. Quel est son devenir ? Comment penser son évolution pour construire un projet commun entre espaces bâtis et activité agricole ? Comment s’articule la limite entre front urbain et terres cultivées ?
Par ailleurs cet espace cultivé au coeur de la commune devrait intégrer un projet de trame verte qui amène d’autres questions comme la dimension écologique ou encore la hiérarchisation des circulations impliquant un autre regard sur les pratiques agricoles conventionnelles actuelles.

Dans ce contexte, je souhaite aborder un projet qui soit fédérateur et qui réconcilie l’urbain et l’agricole dans un nouveau projet urbain intégrant la problématique agricole. Je pense qu’il faut aujourd’hui relier la ville à son territoire en pensant des projets qui engagent le maintien de la qualité des territoires, de leurs activités mais aussi de leurs paysages, en dessinant une agriculture urbaine qui ne se dissocie plus de la ville. Il faut ainsi développer les liens physiques et paysagers entre la ville et les espaces agricoles, entre les espaces bâtis et les espaces ouverts.

Cet espace en coeur de ville peut alors se présenter comme une opportunité pour placer la question du devenir agricole au centre du développement urbain, comme un « observatoire» à l’intérieur du tissu urbain qui est le reflet d’un territoire. Cela met alors en avant la lisière qui matérialise physiquement la limite entre ces deux espaces et devient alors un élément principal de cette réflexion dont l’enjeu est d’aménager une articulation qui soit équilibrée et durable entre développement urbain et pratiques agricoles. Cet espace intermédiaire a le potentiel de porter un projet qui rapproche ces deux entités vers un intérêt commun en alliant le fonctionnel au visuel. Il faut alors penser cette imbrication en inventant de nouvelles formes avec les différents acteurs du territoire.

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Oct 1, 2013 | Posté par danssujets 2014 | Commentaires fermés sur Marie Baldenweck
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