Etudiant : Raphaël Stoll
Directrice de mémoire : Dominique Caire
Persan/Oise : un nouveau départ ?

Je me souviens très précisément de la ville de l'Isle Adam située dans le Val-d'Oise, à trente cinq kilomètres de Paris. Cette commune évoquait pour moi la « sérénité » : des zones résidentielles bien rangées le long de l'Oise, de belles allées plantées menant à la place du marché, des parterres de fleurs qui voyaient le jour dès le début du printemps, ses promenades le long de la rivière où circulent les péniches venant du nord.
A l'inverse, l'agglomération de Persan située en amont de l'Isle Adam, me paraissait un territoire plus hostile, populaire et lointain, quoique distant d'un petit nombre de kilomètres. Il était presque défendu de s'y attarder. Malgré ces « recommandations » d'alors, c'est vers cette ville que je me tourne aujourd'hui et c'est à elle que je désire consacrer mon travail.

Cette petite commune de 10.000 habitants, bordée à l'Est de vastes zones agricoles du département de l'Oise et à l'Ouest de territoires en pleine renaissance bordant la rivière comme Champagne, l'Isle Adam ou Auvers-sur-Oise, Persan apparaît aujourd'hui comme un lieu étrange, plein de contraste, peu relié au reste du territoire et apparemment peu touché par les dynamiques de développement en cours.
Proche de l'Abbaye de Royaumont, aux portes de la Vallée des peintres et placée à l'entrée des grandes plaines agricoles et des massifs forestiers qui ont fait le renom de Chantilly, Persan fut aussi un point de passage plaisant avec l'ouverture de la ligne ferroviaire Paris Le Tréport-Mers par Beauvais au début du XXème siècle. Son histoire en dit long aussi sur le site « multimodal » avant l'heure que fut ce point de passage ferroviaire sur l'axe industrieux Gare du Nord - Creil complété par une intense activité fluviale. Il en naquit un site industriel varié et prospère : manufacture de tapis, briqueterie, manufacture de soie, distillerie, chaudronnerie, forges de Persan, fonderie, usine de caoutchouc, papeterie, autant de sites identitaires pour la ville Persan qui firent sa renommée au XIXème et dans la première partie du XXème siècle.

Comme nombre de petites communes d'île de France qui historiquement ont dû leur essor à la conjonction d'une rivière et d'un réseau ferré mis au service du trafic des céréales ou du charbon et d'une industrie locale relativement prospère, Persan, ville ouvrière, ville populaire, ville de développement semble se mourir aujourd'hui, à l'écart des routes, sans opportunités de rebond en terme d'activité, avec les stigmates de sa grande centrale électrique désaffectée, et sans que de nouvelles solidarités en terme d'inter-communalité aient pu prendre le relais.
Emploi, logement, urbanisme, cadre de vie souffrent de cette situation bien connue ailleurs mais qui, par bonheur,
n'a pas encore ici fait verser la ville dans le désespoir propre aux banlieues.

Coupée par son réseau ferré, autrefois atout économique, la ville est scindée en deux, aujourd'hui, et crée une véritable frontière entre le Nord et le Sud de l'agglomération. Contrairement à Beaumont sur la rive d'en face, Persan tourne le dos à l'un de ses atouts majeur: l'Oise. La relation entre les deux communes s'estompe progressivement. Rongée sur ses franges fluviales les plus souriantes par des friches industrielles sans destin, colonisée par d'improbables centres commerciaux, la ville qui fut souriante et dont le passé vaut relecture, mérite qu'on la regarde autrement. Les conditions d'un nouveau départ sont nombreuses et cette étude n'a pas la prétention d'y répondre à toutes. Plusieurs objectifs peuvent toutefois être analysés en terme de développement :

- Les potentialités des anciennes friches industrielles à valoriser pour la création de nouveaux espaces urbains et paysagers
- Re-dynamiser le quartier de la gare en favorisant accès et liaisons avec le coeur de ville (création de place urbaine comme espace fédérateur)
- Repenser l'unité de la commune (aujourd'hui coupée largement par l'emprise des voies SNCF)
- Tourner l'ensemble de la ville vers son fleuve
- Valoriser les berges de l'Oise comme liaison interne à la ville et comme liaison visuelle avec la ville jumelle de la rive d'en face : Beaumont
Mais aussi de façon plus globale : comment redonner de la lecture à ce site autrefois prospère ? Comment redonner ses chances à l'attractivité du territoire ? Comment retisser le contact entre la ville et son territoire ? Quelle limite donnée à la commune ? Telles sont les raisons qui sous-tendent l'étude que je m'apprête à mener. A ce travail centré sur la commune pourront s'ajouter quelques considérations sur les conséquences économiques de la possible renaissance du trafic fluvial Seine Nord-Europe ou sur les effets indirects du projet Grand-Paris.