Etudiant : Limin Lin
Directrice de mémoire : Lydie Chauvac
Créer du lien entre un centre de soins pour toxicomanes et son territoire. Communauté thérapeutique des toxicomanes du domaine de Flermont à St-Martin-le-Nœud (60).

Les toxicomanes sont le plus souvent marginalisés au sein de la société. A leur image, les centres de soins qui les accueillent, sont également à l'écart du monde extérieur, aux limites de la ville, dans des lieux cachés, isolés et fermés au public. Mon projet cherchera à créer du lien entre d'une part, un centre de soin pour toxicomanes (le SATO - service d'aides aux toxicomanes - Picardie, établi dans le domaine de Flermont depuis 1996, un château du l8ème siècle entouré d'un vaste parc d'une dizaine d'hectares et d'autre part son territoire d'accueil, la région de Beauvais en Picardie. L'objectif recherché, outre la valorisation du domaine avec l'ouverture du centre sur l'extérieur, étant la réinsertion des toxicomanes au sein de la société tout en contribuant au développement durable d'un territoire.

A cette fin, la direction du centre souhaite y développer diverses activités économiques telles que l'accueil de séminaires, un restaurant, des visites, des hébergements en gîtes, mais aussi des productions agricoles dans le parc du domaine, l'ensemble de ces activités devant contribuer à la réinsertion sociale des anciens toxicomanes au sein d'un projet de territoire.

Le domaine de Flermont est situé sur la commune de St-Martin-Le Nœud, au sud-ouest et à proximité de Beauvais.
Implanté en haut de versant du plateau Picard, le domaine s'ouvre sur un paysage ondulé de collines. Au nord-ouest, la vue embrasse le vallon d'Avelon. Au sud-est, en revanche, la perspective est rapidement fermée par les constructions urbaines. C'est un site dont le potentiel patrimonial est important. Un château du 18ème siècle et une serre du 19ème siècle (un rare exemple de palmarium constitué en ferronnerie d'art et verre), sont inscrits aux inventaires supplémentaires des monuments historiques. Autour de ce domaine, un vaste parc est entièrement clos d'un mur en brique. Cependant le manque d'entretien a peu à peu effacé le vocabulaire de ce parc historique : allées, perspectives, bosquets, géométrie. Ce dernier est actuellement utilisé en simple prairie en attendant de nouveaux usages. A l'échelle de la commune, le domaine se situe à l'extrémité d'une avenue principale et s'accroche au village par le biais d'une place publique. Actuellement, le domaine est fermé aux visiteurs mais les toxicomanes ne sont pas totalement exclus de la vie locale en participant ponctuellement à des manifestations telles que le marché de Noël (un des plus anciens de Picardie qui attire plus de 30 000 visiteurs sur deux jours) ou autres foires. Malgré cette ouverture ponctuelle, la communauté thérapeutique reste essentiellement tournée vers les soins, sans véritables liens avec l'extérieur. L'idée est donc de développer une multifonctionnalité du domaine qui puisse à la fois valoriser le patrimoine paysager et favoriser la réinsertion des patients. A ce titre, on pourrait s'inspirer du modèle de l'ancienne « maladrerie» de Beauvais, qui, au Moyen Age, malgré son aspect répulsif (on y traitait des lépreux à l'écart de la ville), arborait plusieurs usages. Aux côtés des bâtiments réservés aux soins, l'hospice offrait aux populations locales une chapelle qui, au delà des offices religieux, constituait véritablement un lieu social. De même, la présence d'un jardin de plantes médicinales et d'un potager représentait un lieu économique en permettant des échanges de produits auprès des populations locales.

Le sujet proposé dépasse la simple mise en valeur paysagère d'un patrimoine bâti. Il s'agit d'une approche paysagère globale capable d'insérer à différentes échelles un centre de soins spécifique au cœur du développement territorial. La démarche soulève plusieurs interrogations : quels sont les atouts du site à valoriser mais aussi les contraintes économiques et sociales d'un tel projet ? Comment assurer la multifonctionnalité du centre (thérapeutique, sociale et économique) ? Comment partager les usages (itinéraires, zone réservée ou de contacts possibles) ? Comment traiter la limite de ce qui relève du privé et du public ? Quelles seront les orientations agricoles à développer au regard du contexte agro forestier ? Enfin, par rapport à l'offre touristique du territoire (ancienne carrière, marais, forêt) quel peut être le positionnement du domaine pour participer à la découverte et l'attractivité du territoire ?