Etudiante : Amandine Parret
Directeur de mémoire : Michel Boulcourt
Paysage et activités humaines – Vallée de Mouthe, de Rochejean à Mouthe (25).

Frontalière avec la Suisse, les communes la vallée Mouthe sont situées au Sud du département du Doubs. Ces villages se trouvent à la source du Doubs, sur les derniers plateaux du massif jurassien entre 900 m et 1500 m d’altitude. A l’échelle d’un territoire présentant une unité et une cohérence paysagère, la vallée de Mouthe combine forêt de résineux, industries, productions fromagères AOC comté, et d’une activité touristique liées au ski, aux occupations estivales (randonnées, VTT) associées aux professions artisanales nées de la présence de l’eau et du fer.  Ces villages typiques du Haut-Doubs, au sein du PNR du Haut-Jura, sont historiquement liés.

Le paysage de la vallée de Mouthe est formé d'écosystèmes naturels ou cultivés qui évoluent depuis des siècles. Ces ensembles naturels, sont soumis à des conditions physiques difficiles (géomorphologie, climat) et subsistent depuis le XIème siècle grâce au travail de l’homme. L'impact paysager résulte de deux grands changements. Le premier est lié aux changements des techniques agricoles qui compromettent l’équilibre des paysages de pâture d’alpage et de pré-bois. L’agriculture optimise certaines prairies au détriment d’autres. Le deuxième est lié au regain économique des années 90 suite au développement des entreprises suisses. Les nouvelles technologies, l’information et les moyens modernes de transports ont favorisé l’attractivité du pays voisin. De tout temps il trouva une main d’œuvre comtoise et frontalière bien formée. Aujourd’hui plus de 80% de la population travaille en Suisse. Sur un rayon de 40 kilomètres autour de la frontière, les noyaux villageois se gonflent de nouveaux arrivants. Les villages de Métabief à Mouthe sont contraints à de fortes pressions foncières. Les locations saisonnières prévues pour le tourisme se mutent en habitations principales. Le parc hôtelier et les structures d’accueils collectifs se transforment en logements locatifs. Les villages subissent une baisse des activités traditionnelles et locales. Ils perdent leurs dynamiques économiques et sociales, leur l’identité. L’opposition entre la ville où l’on travaille et la campagne où l’on vit se creuse. Les villages ruraux tendent à devenir des « banlieues dortoirs » du pays voisin. On assiste alors à des conflits d’usage et à des difficultés d’intégration des travailleurs urbains résidant en campagne.

Le schéma des villages doit être redéfini, réadapté aux modes de vie à venir et au caractère jurassien de la vallée. Comment valoriser le cadre de vie des habitants en améliorant les déplacements, le fonctionnement des services et réhabiliter la forme originelle des villages? Comment répondre au manque d’hébergement touristique et redynamiser l’économie locale ? Pour répondre aux demandes de chaque acteur de ce paysage et préserver ce patrimoine, il faut penser des espaces conviviaux et attractifs répondant à la demande d’un tourisme plus familial, plus à l’écoute de son environnement. Il est nécessaire d’ouvrir un dialogue entre aménagement et protection, c'est-à-dire mener une réflexion qui intègre à la fois le territoire, ses habitants, la nature et la culture rurale.