Etudiant : Damien Durvie
Directrice de mémoire : Catherine Farelle
Un projet « fortificateur » pour le grand Lyon. Le Fort de Vancia, un des belvédères sur le paysage lyonnais.

La ville de Lyon s’est installée à la confluence du Rhône et de la Saône. Ce site remarquable a été le lieu de convoitis­es. Cela a conduit la ville à se protéger derrière des remparts. L’urbanisation grandissante n’a cessé de repousser les protections.
A la moitié du 19° siècle, la première ceinture de défense de Lyon est constituée. Les forts de la première cein­ture étaient trop proches de la ville et devenaient désuets. Séré de Rivière est intervenu à la fin du XIX° siècle sur l’ensemble de la frontière Est de la France. A Lyon, il a repoussé le système de défense en amont de la ville (à 10km). La construction des forts en ces points stratégiques était faite par les ouvriers locaux travaillant dans la soie et des maçons venant des pays frontaliers. Cela avait pour but, par l’intermédiaire du bouche à oreille, d’impressionner les pays adverses. Les forts étaient déjà obsolètes dès la fin de leur construction du fait des progrès de l’artillerie, en particulier l’invention de la mélinite. Ce système coûteux de forts n’a donc jamais servi à cette époque pour la pro­tection de la ville de Lyon. Ils ont été par la suite utilisés comme casernes, lieux d’entraînement ainsi que de sièges et de bases aériennes lors des deux guerres mondiales. La plupart d’entre eux sont toujours debout aujourd’hui et dans un bon état. Ils ont été par la suite réutilisés par les services de l’état au sens large. Certains de ces forts sont encore occupés par l’armée ou la police, d’autres ont été phagocytés voir rasés lors de la construction du tissu ur­bain. Ce système de défense n’est pas particulier à Lyon. Cette époque a laissé de nombreux ouvrages militaires sur la frontière Est de la France (projet « Septentrion »), mais aussi sur la côte Atlantique. On retrouve aussi cette dou­ble ceinture de forts à Paris. Ce patrimoine ne réussit malgré tout pas à fédérer un projet commun à l’échelle de l’Ile de France. Cet héritage du XIX° siècle nous ouvre de nombreux horizons pour nos villes d’aujourd’hui et de demain.

L’état de la ceinture fortifiée de Lyon, nous donne à voir un réseau de 14 forts entourant approximativement les 9 arrondissements de la ville de Lyon. La seconde ceinture fut construite un peu plus tard, entre 1875 et 1893. Cet ensemble de 16 forts se situe à la limite de la communauté urbaine du Grand Lyon. Les forts de la première ceinture sont en zone très urbanisée. Sept d’entre eux n’existent plus et laissent place aujourd’hui à d’autres édifices alors que six autres sont occupés ou en réhabilitation. Il reste un fort pouvant faire l’objet d’un site de projet, le fort de Loyasse. Les forts de la seconde couronne sont tous encore visibles. Huit forts peuvent faire l’objet de restaurations et de projets, trois forts sont propriétés du ministère de la Défense et de l’Intérieur et sont donc inaccessibles, un seul est en très mauvais état (il ne reste qu’un amas de pierres et de terre). Ces constructions sont souvent des points de basculement entre l’aire urbaine et les campagnes. La diversité de paysages entourant Lyon est notam­ment perceptible depuis ces points stratégiques. Les forts du Nord Ouest nous donnent à voir le paysage sauvage des Monts d’or, ceux du Sud ouest le paysage de la péri-urbanisation des monts du Lyonnais, ceux du Sud-Est la plaine agricole du Rhône et ceux du Nord-Est sont tournés vers le paysage marécageux du plateau des Dombes. Ce patrimoine qui tombe dans l’oubli attend un projet global. Certains élus et certains habitants souhaitent voir ce patrimoine boudé revivre.

Ce patrimoine militaire est encore visible mais peu lisible sur le territoire Lyonnais. Il témoigne d’un passé guerrier. C’est aussi une oeuvre architecturale et le reflet d’une lecture du territoire. Ces éléments méritent d’être intégrés à un véritable projet urbain à l’échelle de l’agglomération Lyonnaise. Ces sites ponctuels faisant partie d’un réseau sont idéalement situés. Ils sont soit aux portes de la ville soit au coeur même de la ville. Il sont aujourd’hui le pré­texte pour nous parler d’histoire, d’architecture, de paysage et de s’évader vers les paysages du Lyonnais. Ces forts recèlent des merveilles. Ces « masses » de pierres et de terre sont très raffinées. Le manteau végétal qui les habille contraste avec leur environnement agricole, urbain ou péri-urbain. C’est le lieu d’une diversité végétale et animale intéressante.

Le fort de Vancia est considéré comme l’un des 58 sites d’intérêt écologique du Grand Lyon: c’est dire la richesse qu’il renferme. On l’appelle le « mont blanc des Dombes » puisqu’il domine ce grand paysage ponctué de tâches d’eau gigantesques. Le fort est excentré du tissu urbain de densité très variable. Il peut néanmoins être l’élément fé­dérateur entre ces formes urbaines variées : le village agricole de Vancia, les « barres » de la ZUP de Rillieux-la-Pape, le vieux bourg de Rillieux et de Sathonay village et le village de Sathonay camp, construit comme un lieu militaire. Ce lieu de défense n’attend aujourd’hui qu’un projet évolutif réunissant les populations locales et accueillant celle de l’agglomération. La citation de Cédric Lambert dans ‘Nature et Artifice’ de 1999 donne la voix pour le projet de réhabilitation du fort de Vancia et de son environnement : « Il est vrai que nous avons besoin d’un lieu qui ne soit pas seulement bien organisé mais aussi chargé de sens et de poésie ».