Etudiant : Maxime Coache
Directeur de mémoire : Marc Claramunt
Au fil du fleuve, halte à Abbeville, porte d’entrée de la Baie de Somme.

En Picardie, le fleuve Somme traverse d’Est en Ouest les départements de l’Aisne et de la Somme. Long de 245 kilo­mètres, il finit sa course à Saint-Valéry formant un estuaire reconnu mondialement pour la qualité de ses paysages.
Depuis sa source jusqu’à la Manche, le fleuve s’écoule tranquillement formant de grands méandres dans une large vallée qui a attiré les hommes depuis bien longtemps. Dès l’époque romaine, la vie s’organise autour de la vallée où les hommes exploitent les ressources naturelles qu’offrent les zones humides. étangs riment avec pêche, plaines avec maraîchage et les nombreux plans d’eau témoignent de l’extraction de la tourbe, véritable «or noir» de la vallée.
Le fleuve lui-même a aussi fait l’objet de bénéfices pour l’homme. Jusqu’au XVIIIème siècle, on privilégie la voie d’eau à la route pour le transport de marchandises. La Somme est alors aménagée, canalisée pour la navigation, offrant une alter­native à la Seine pour les échanges entre la Manche et Paris. Les villes fluviales s’aménagent pour l’accueil des bateaux. Amiens, par exemple, devient un port maritime de première importance.

En aval, à Abbeville, il existe un lieu qui témoigne de ce passé où les péniches s’arrêtaient: les quais de la pointe. Cepen­dant, seules les photographies anciennes racontent cette activité. L’apparition du chemin de fer et l’ensablement de la baie a provoqué le déclin du transport fluvial sur la Somme. Aujourd’hui, les péniches de marchandises ont disparu et les quais sont désertés. Pourtant proche du centre-ville, cet ancien port n’a jamais connu de renaissance et semble abandonné. Toutefois, au premier rayon de soleil, je suis surpris par la venue naturelle de la population. Le site s’anime de promeneurs en tout genre, pécheurs, boulistes, et camping cars. Une péniche accoste: il s’agit de touristes canadiens qui descendent la Somme à bord d’une petite péniche. Ceux-ci m’expliquent qu’ils font étape ici, par défaut uniquement, car il n’y a pas d’anneau libre au niveau de l’écluse suivante. En effet, faire étape à Abbeville n’a aujourd’hui rien d’exceptionnel pour les vacanciers (ni équipement ni structure d’accueil, aucun commerce à proximité du fleuve,...).
Abbeville, ville en grande partie reconstruite après les bombardements de la seconde guerre mondiale semble tourner le dos au fleuve. Des efforts sont faits depuis plusieurs années pour améliorer le centre-ville mais celui ci reste cependant totalement détaché du fleuve.

Abbeville a une position stratégique dans le territoire. Aux croisements des principaux axes de communications (autoroutes A16 et A28, chemin de fer et voie fluviale), la municipalité aime parler de «porte de la baie de Somme». Le canal maritime, véritable segment de 15 kilomètres de long dans le paysage, relie Abbeville à l’embouchure. La baie de Somme reconnue depuis peu comme grand site de France attire chaque année de plus en plus de touristes. Un réel enjeu touristique se pose sur l’avenir du développement local.

Une autre particularité du quartier Nord d’Abbeville est la disparition de la sucrerie. Région sucrière, le Nord de la France présentait jusqu’il y a quelques années de grandes structures d’extraction du sucre. La concurrence de la canne à sucre a provoqué l’arrêt de plusieurs d’entre elles. Fermée en 2008, la sucrerie entière fut récemment rayée du paysage, laissant une friche de 6,5 hectares à l’entrée nord de la ville. Seule la grande cheminée en brique, conservée après de longs débats, nous rappelle le passé du site. Les anciens bassins de décantation, aujourd’hui rebouchés, jouxtent le parc de la Bouvaque, parc péri-urbain où les milieux humides sont valorisés: étangs, canaux, berges, prairies humides...
Sur les documents d’urbanisme, le site de l’ancienne sucrerie est désigné en zone d’aménagement concerté (ZAC). Des équipes pluridisciplinaires sont déjà en phase d’étude.

Ces quelques lignes évoquent le caractère évolutif d’une ville dynamique. Abbeville est en perpétuel changement et se transforme parallèlement aux besoins urbains. Des activités apparaissent puis s’effacent pour laisser place à d’autres fonc­tions. La nouvelle ZAC de la sucrerie annonce un élan de dynamisme pour l’entrée nord de la ville. Ce quartier est à mon sens le nouvel axe de développement important de la ville.
Contrairement à des cités comme Amiens ou Saint Valéry, Abbeville n’attire pas. Pourtant lors de mes promenades, le charme du fleuve, son calme naturelle, ses ambiances verdoyantes m’ont séduit. En quoi le fleuve pourrait-il permettre à Abbeville de réaffirmer son identité? Comment aujourd’hui profiter des atouts du cours d’eau pour proposer de nouveaux espaces publics et retisser les liens perdus entre la Somme et la ville? Comment profiter de l’attractivité grandissante de la baie de Somme pour développer le tourisme à Abbeville?
Au coeur d’un quartier en plein développement, le site de l’ancien port est selon moi un lieu d’avenir. Il va falloir imaginer une reconversion du port, pour offrir un lieu de halte et de départ vers les circuits touristiques aux voyageurs, un lieu de détente et de balade tourné sur le fleuve aux habitants.