Etudiant : Namgyel Hubert
Directeur de mémoire : Jean-Marc Gaulier
Metz, de la Seille à la colline de Belle croix, Comment réinvestir et réintroduire le patrimoine militaire et naturel dans le tissu urbain ?

Par cette étude, je souhaite me pencher sur des éléments majeurs du paysage urbain, des éléments qui participent à lui donner sa force, à savoir le patrimoine culturel et naturel. La ville de Metz offre de nombreuses possibilités d’y réfléchir. Mais le territoire situé entre la rivière la Seille et la colline de Belle croix permet de se pencher sur des éléments patrimoniaux encore exclus du système de la ville. Ce sera donc l’occasion de réfléchir sur leur place au sein du tissu urbain et donc à leur participation à la création de son paysage.

De la Seille à Belle croix, un palimpseste culturel et naturel
Le paysage géographique de Metz est un lieu de rencontre (et de confrontation) entre les côtes de Moselle et le plateau lorrain. La ville et son agglomération se sont implantées au plus près de la rivière. à cet endroit elle divise son cours, formant de nombreuses îles qui accueillent la ville par petits morceaux, tel un puzzle inachevé. La vieille ville s’étend des bords de la Moselle jusque sur la colline Sainte-Croix. Autour une série d’autres collines accueillent les vestiges des forts et fortifications participant à la composition des trois anciennes couronnes de défense de la ville.
Le lieu considéré par cette étude s’implante justement dans un vallon formé entre deux de ces collines. La rivière, la Seille, qui y serpente, coule entre le versant Est de la colline Sainte-Croix et celui Ouest de la colline de Belle Croix. Ce cours d’eau est un affluent de la Moselle. La confluence se trouve à la limite Nord du site, y formant des espaces naturels privilégiés. Malgré cette formation géographique dominante, le site choisi ne peut présenter un seul visage, une seule identité. Car par-dessus cette toile de fond, est venue s’implanter une série d’infrastructures de natures et d’époques très différentes les unes des autres. Ce qui en bouleverse la lecture paysagère.
Le long de la Seille, on y retrouve des vestiges des fortifications moyenâgeuses construites au XIVe siècle et le parc qui les accompagne. Sur le versant Ouest de la colline de Belle Croix, on ne peut rater l’imposante double couronne du fort. Elle fut dessinée par Vauban et édifiée entre 1734 et 1740 sous la direction de son successeur, Cormontaigne. Véritable belvédère sur la ville, ce monument est aujourd’hui divisé entre espaces naturels forestiers, parcs de loisirs et promenade patrimoniale. Entre ces deux vestiges militaires, sont venues se nicher des infrastructures beaucoup plus récentes comme la voie ferrée et le boulevard de Trèves. Elles illustrent la nécessité contemporaine de trouver des espaces pour permettre aux grandes voies de communication de pénétrer au coeur de la ville. Ces espaces sont entourés par l’urbanisation dense et homogène du centre ancien de la ville d’un côté et les grands ensembles du quartier de Bellecroix de l’autre. Ce site se caractérise donc par une pluralité formelle et temporelle. Sa diversité constitue un véritable palimpseste urbain qui nous donne à lire le développement et l’extension de la ville.

Un espace d’entre-deux détaché du tissu urbain
De ce périmètre d’étude ne ressort pas une, mais plusieurs images. Il est un exemple d’espace urbain qui n’a pas réussi à s’assumer comme un morceau de ville à part entière. Il constitue plutôt un espace d’entre deux, tiraillé entre ses monuments historiques à préserver et la nécessité de trouver de l’espace pour les voies majeures de communication. Il est un espace détaché du tissu urbain et demande à y être réintégré en raison de sa place stratégique. De plus, l’agencement parallèle et successif de ses formes urbaines constitue une véritable entrave à toute continuité paysagère et urbaine entre la vieille ville et sa proche périphérie.
Parallèlement à cela, la ville vient de passer commande d’une étude urbaine à l’AGURAM (AGence d’URbanisme d’Agglomérations de Moselle). Elle devra réfléchir au devenir du quartier des grands ensembles de Belle croix, dans l’optique de diversifier l’offre de logement dans ce secteur et de revoir sa forme urbaine.

Des enjeux de transformation, de reconversion et de réintégration
L’espace urbain entre la Seille et le quartier de Belle croix pose donc de nombreuses questions : comment construire une image identitaire pour ce lieu pluriel et déconstruit ? Comment rétablir la continuité urbaine paysagère et fonctionnelle entre le centre ville et le quartier de Belle croix ? Comment reconvertir les fortifications militaires de Belle Croix afin de les rattacher au boulevard de Trèves et au quartier des grands ensembles ? Comment intégrer la voie ferrée et les espaces naturels de bords de Seille dans le tissu urbain ?
Plusieurs tentatives de réponses locales existent déjà. La première est la construction du quartier de Belle Croix dans les années 50 qui avait notamment pour objectif d’habiter le fort et de tirer parti de son cadre exceptionnel. Mais son urbanisme particulier est aujourd’hui remis en cause par l’étude de l’AGURAM en raison de sa mauvaise organisation et sa mono spécificité. La deuxième est un projet de création d’un boulevard urbain sur tout le linéaire du boulevard de Trèves. Il comprend notamment la réhabilitation des casernes Belle Croix en commerces, logements et bureaux, ce qui constitue une volonté de réhabiliter le patrimoine militaire.
Les problématiques soulevées sur ce site nécessitent une réflexion sur un périmètre plus large afin d’être plus efficace et de permettre de saisir le problème dans son ensemble. Néanmoins, il sera important dans cette étude, de prendre en compte les éléments de réponse déjà avancés, notamment le boulevard de Trèves qui se situe au coeur du site.

Un renouvellement urbain qui doit réinterroger le patrimoine culturel et naturel.
Le programme de cette étude propose de s’appuyer sur le patrimoine culturel et naturel en le reconvertissant et en l’insérant dans le tissu urbain.
- Sur la colline de Belle croix, il sera nécessaire d’étudier les possibilités d’urbanisation du fort afin d’y insérer de l’habitat et de restructurer l’espace public et naturel. Il faudra aussi réfléchir aux connexions urbaines entre le fort et le quartier des grands ensembles en envisageant le renouvellement urbain de Belle Croix.
- Autour de la Seille, il sera nécessaire de créer des connexions (visuelles, douces...) plus directes entre le boulevard de Trèves, nouveau boulevard urbain et le boulevard Paixhans, début du centre ville. Pour cela il faudra réfléchir à la forme et à la continuité de l’espace public ainsi qu’à l’avenir des espaces boisés. Cette réflexion s’appuiera notamment sur la mise en valeur des fortifications moyenâgeuses et celle de la ripisylve des bords de Seille, deux atouts majeurs pour ce lieu.

Pour conclure, l’objectif principal de cette étude sera de faire évoluer le site vers la constitution d’un ensemble urbain alternant bâti et espaces publics, mettant en avant les traces du passé et permettant ainsi à la ville de se réapproprier son patrimoine militaire et naturel.