Etudiant : Dimitri Daveau
Directrice de mémoire : Dominique Caire
La renaissance des magasins généraux de la SNCF à Saint-Pierre-des-Corps.

Il y a des lieux qui ont été marqués par l'industrialisation, l'expansion puis l'abandon. Ces endroits désertés par l'homme où la nature reprend progressivement ses droits, renferment souvent une atmosphère mystérieuse presque énigmatique.
Les anciens Magasins Généraux de la SNCF situés sur la commune de Saint-Pierre-des-Corps (Indre et Loire) possèdent un contexte historique qui a énormément marqué les esprits et les paysages.

Pendant la seconde guerre mondiale, la ville de Saint-Pierre-des-Corps possédait le troisième triage ferroviaire de France. Il était utilisé par les troupes allemandes pour acheminer des hommes, des munitions et de la nourriture sur les fronts. Lieu stratégique de déploiement, de stockage et de réparation pour l'armée allemande, le centre de triage était aussi un point stratégique d'attaque pour les forces alliées au moment de la libération.
Ainsi le 11 Avril 1944, les bombardiers britanniques laisse tomber 2000 bombes (le plus gros bombardement que subira la région) afin de paralyser le centre de triage et ainsi ralentir l'envoie de troupes sur les plages normandes. La mission fut un succès mais la ville de Saint-Pierre-des-Corps subît de lourdes destructions et fût rasée à 85%. Les magasins généraux de la SNCF, construits en 1926, furent eux aussi gravement touchés.

Reconstruit en 1948, le bâtiment principal possède une architecture de béton brute lumineuse et des proportions gigantesques tant par sa superficie de 18 000m2 que par sa hauteur de plafond culminant à 4,50m sur trois niveaux. Que l'on passe à proximité en train via la gare TGV de Saint-Pierre-des-Corps côté Nord ou que l'on franchisse les voix ferrées grâce au pont Jean Moulin qui raccorde la zone d'habitat au Nord de la zone industrielle au Sud, ou encore que l'on traverse la zone industrielle qui encercle ces anciens magasins généraux, cet édifice reste discret et se fait oublier au milieu de la friche industriel de 15,3ha sur laquelle d'autres bâtiments annexes s'éparpillent (maison de gardien, cabinet médical, bibliothèque, garage à vélo et deux hangars). Le reste de la friche est structurée parallèlement au bâtiment principale par la présence de voix ferrées et de quatre portiques métalliques.

Ce lieu, patrimoine industriel oublié de la Touraine est devenu ces dernières années un enjeu majeur pour l'agglomération. Situé au coeur d'une zone urbaine en pleine évolution, avec des projets de développement liés à l’émergence d’un pôle multimodal autour de la gare TGV, l’implantation de l’enseigne IKEA, la présence du hall des expositions de Tours et la mutation du quartier de Rochepinard et de la zone industrielle des grands Mortiers, cette friche doit devenir dans les 10 prochaines années un symbole de modernité et de dynamisme pour l'agglomération. Lieu stratégique pour la libération de la France en 1945, il est aujourd'hui le lieu stratégique pour le développement économique de l'agglomération.

L'objet de mon travail consiste en l'étude des rapports entre le site et son environnement afin de l'ouvrir sur l'extérieure et de faire une liaison douce entre la zone urbaine Nord, le magasin général et les espaces de loisirs au Sud. Un des enjeux majeure sera alors de proposer une urbanisation mixte entre bureaux, commerces, ateliers d'art et logements, de manière à créer une continuité bâti et d'intégrer le magasin général dans une urbanisation cohérente, créatrice d'emploi et d'économie. Pour autant, les éléments caractéristiques tels que ; les portiques, l'architecture du magasin général, les transbordeurs, les voix ferrées,... devront être conservés pour mémoire et pour l'ambiance industrielle et cheminote qui s'en dégagent.