Etudiant : Yannick Campion
Directeur de mémoire : Michel Boulcourt
Habiter la plaine orientale corse, quelles logiques urbaines pour le néo-village de Folelli ?

Historiquement, la plaine marécageuse corse, lieu de la fièvre et des attaques par la mer, ne fut que très peu habitée. Cette frange littorale fut, durant des siècles, un espace entre deux mondes, entre la civilisation autarcique et montagnarde corse, et les sociétés marchandes et dominatrices de la méditerranée.
Aujourd’hui asséchée, débarrassée de la malaria et des invasions, ils prolifèrent sur cette plaine de nombreux villages (souvent annexés à des communes de montagne) qui tendent à former l’immense banlieue pavillonnaire de Bastia.

Le village de Folelli, situé à trente kilomètres au sud, chef-lieu du département de la Haute-Corse, ne fut à l’origine qu’un petit hameau résultant de l’implantation, au début du siècle dernier, d’une usine de tanin. Son emplacement stratégique au pied des monts, à la croisée de l’Alto (rivière prenant sa source en «Castaniccia») et de l’axe Bastia/Porto-Vecchio, a engendré un fulgurant essor urbain durant les soixante dernières années. Ce village, autrefois hameau annexe, tend aujourd’hui à devenir le centre névralgique de la Casinca.
Sa caractéristique première est l’absence de centre ancien, qui le prive d’une logique urbaine, d’un rapport évident à son territoire. On remarque par exemple que le village n’a qu’une relation minime à l’Alto, à l’usine, à la logique de vallée, à la montagne à laquelle il est adossé : c’est aujourd’hui la nationale, au trafic journalier très important, qui fait office de centre-ville. Il découle des caractéristiques de ce «jeune village», un mitage urbain fortement attiré par la côte, sur une plaine agricole à fort potentiel.

L’enjeu principal de ce projet sera de trouver une définition, une typologie nouvelle du «village corse» de la plaine orientale, issu de l’abandon brutal d’un mode de vie traditionnel devenu obsolète.
A quelles fonctions ce village, actuellement en pleine expansion sauvage, répond-il aujourd’hui ?
Quels rapports entretient-il avec son territoire et avec la logique triptyque montagne/plaine/côte ?
Quelle place tient-il au sein de l’axe Bastia/Porto-Vecchio ? Comment l’inscrire à la fois dans sa localité (son rapport avec l’Alto), ainsi que dans sa logique globale de territoire ?

L’objectif du projet sera donc d’insuffler un sens nouveau à une forme urbaine récente, par la gestion de ses limites, la quête de son identité (réflexion sur l’idée de «centre») et la requalification de ces fonctions. Cette écriture devra combiner de multiples éléments de programme : l’arrivée prévue à l’horizon 2018 de la 2x2 voies Bastia/Folelli, la conversion en médiathèque de l’ancienne usine de tanin, la création de nombreux logements et activités, l’implantation d’une gare SNCF (la réhabilitation du tracé ferroviaire Bastia-Porto-Vecchio étant actuellement en projet). Ces éléments viendront appuyer l’idée d’un «centre nouveau», et d’un dialogue retrouvé avec l’Alto, en limite sud du village. Ils devront également se penser dans une logique environnementale et écologique de la Casinca, ainsi que de la vallée de l’Alto, et se conformer aux diverses réglementations régissant ce territoire.