Etudiante : Gloria Sire
Directeur de mémoire : Marc Claramunt
LINEA : trait d’union d’un territoire marseillais fracturé en devenir.

Marseille…
Miroir de l’Afrique, porte de la Méditerranée, berceau des voyageurs… où se mêlent beaux parleurs extravagants et introvertis.  Marseille a mille visages, plus intéressants les uns que les autres, c’est un doux mélanges de cultures et d’identités. C’est une ville rebelle en jachère attendant sa grande mutation avec inquiétude et incertitude face à ses futures transformations sociales.
De nombreux projets crient à l’unisson le nom de « capitale de la Méditerranée ». De grands travaux ont déjà façonnés le visage actuel de Marseille et engendrés des fractures paysagères et sociales.
Notamment par les infrastructures routières. En effet, les transports à Marseille ont toujours posé problèmes, il existe une réelle difficulté à drainer le flux de population, pour différentes raisons (physique, géographique et historique).
L’arrivée de ses grandes mutations est donc aussi l’occasion de repenser le déplacement.
Les politiques cherchent, toujours et depuis longtemps déjà, de nouvelles solutions pour fluidifier ce trafic et autant que possible épargner le centre ville.

En 1968, l’Etat décide de relier les deux autoroutes de Marseille, Nord (A7) et Est (A50), par le biais d’une autoroute de contournement, la B55. Une emprise est donc réservée sur les documents d’urbanisme afin d’accueillir cette nouvelle infrastructure. Elle est sensée traverser un territoire de 16 km, allant des quartiers des  Aygalades  (N-O) jusqu’à la Valentine (S-E), en passant par deux autres communes, Plan-de-Cuques et Allauch. Cette voie, vouée au contournement de la ville, a finalement été abandonnée au profit de la L2 (première couronne), plus courte.

En 1977, le projet est alors passé aux mains du département afin de réaliser un boulevard de Liaison Inter-quartiers au Nord-Est de l’Agglomération marseillaise (LINEA). Cette dernière jouit donc depuis de l’emprise initialement prévue.
Elle traverse des quartiers très différents dans leur morphologie urbaine, leur identité et leur contexte social. Passant de grands ensembles traversés par de grosses infrastructures routières aux bastides remarquables, héritage de l’ancienne ruralité de ces villages engloutis par l’urbanisation, à de nouvelles ZAC reconstruisant des quartiers entiers se mêlant à des quartiers universitaires et technologiques très dynamiques et moteurs de projets, ou encore, à des quartiers résidentiels peu denses piqués d’espaces résiduels agricoles.
La vie locale de tous ces quartiers est riche, en revanche, la relation inter-quartier est moins évidente, desservie par des vocations très diverses et une juxtaposition complexe et brutale.

Aujourd’hui, cette emprise, réservée sur les plans locaux d’urbanisme, donne lieu à des espaces particuliers à travers cette mosaïque périphérique marseillaise.
En 40 ans, cette emprise ancienne a, par la force du vide, isolé habitations, parcelles agricoles et activités de toutes sortes. La liaison de demain est en fait devenue la fracture d’aujourd’hui.
La notion d’emprise réservée reste très difficile ici comme ailleurs, dans les espaces qu’elle produit en attendant d’accueillir l’infrastructure.

L’objectif de ce travail est donc de réfléchir à la reconquête de la liaison inter-quartier identitaire, physique et sociale, à travers la LINEA ; mais aussi de réfléchir, au moyen de cette LINEA, autant aux conséquences des emprises réservées sur un territoire qu’à l’infrastructure prévue.

J’accorde aussi, par ce travail, de l’importance à la méthode d’analyse.

Par méthode, j’entends une schématisation des données physiques, géographiques, politiques, mais surtout sociales, de ce territoire. En effet, ce dernier facteur reste une des dernières données fondamentales de Marseille et par cette démarche, j’aimerais pouvoir démontrer à quel point c’est un outil d’analyse et un moteur pertinent d’aménagement de l’espace marseillais.