Etudiant : Vincent Latapie-Séré
Directeur de mémoire : Jean-Marc Gaulier
Laon, un belvédère sur la ville. Le paysage comme potentiel d’organisation de la ville moderne.

La ville de Laon, installée au fil des âges sur une butte témoin, offre un panorama surprenant sur les paysages qui l’entourent. Au nord, la vaste plaine agricole picarde ponctuée de villages et de buttes boisées. Au sud, un paysage moins ouvert, marqué par la présence de la côte d’île de France et la plaine alluviale de l’Ardon qui amorcent les collines du Laonnois. Leurs sommets plats sont recouverts d’agriculture et leurs coteaux sont boisés. La ville de Laon fait un lien entre ces deux entités. Elle offre donc une grande diversité de paysages sur un territoire restreint.

La « montagne couronnée » : le plateau qui culmine à une centaine de mètres au dessus de la plaine picarde est riche du plus grand secteur sauvegardé de France avec ses 80 monuments historiques épargnés par la grande guerre. La butte et sa cathédrale Notre-Dame sont visibles de très loin et marquent le paysage. Cela lui a valu le surnom de « montagne couronnée ». L’accès au plateau peut se faire en empruntant « les grimpettes », petits escaliers aménagés pour relier le bas et le haut de la ville. Un métro aérien transporte ses passagers du quartier de la gare au plateau. Le centre ancien est accessible en voiture mais est très vite sur fréquenté. Le centre est abandonné pour la ville basse, plus pratique à vivre ; la municipalité met cependant tout en œuvre pour améliorer l’habitat sur le plateau. La ville haute offre un panorama sur un urbanisme moderne qui se déploie comme une tache d’huile sur les plaines agricoles. Comment la ville poursuivra-t-elle son développement en lien avec le grand paysage ?

Des pentes faiblement urbanisées : originellement, ces pentes étaient dévolues à la culture de la vigne mais la fin du XVIIIème siècle a eu raison de cette agriculture à trop petite échelle. Des jardins s’y sont installés et le reste des pentes s’est boisé pour former, vu du ciel, un ‘’étrange animal végétal’’ qui isole le plateau de ses quartiers périphériques. Un système de grimpettes s’y est pourtant installé mais la ville a trop à faire avec ses monuments pour développer un système de cheminements autre que l’automobile du bas vers le haut. Faisant partie du secteur sauvegardé et du fait de la fragilité géologique de la butte, ces pentes sont inconstructibles. Elles possèdent un fort potentiel en termes d’image pour la ville et sont l’écrin de son patrimoine. Elles sont le belvédère de la ville ouvert sur ses paysages environnants.  Elles sont un réel potentiel d’organisation de la ville et de diversification de ses modes de circulation. Quelle est la relation entretenue par la butte avec le paysage ? Comment préserver l’identité et la durabilité de cette constituante du paysage laonnois si proche de la ville et de ses dynamiques ?

Des évolutions urbaines au détriment de la qualité des paysages : il existe une division entre la ville haute et la ville basse. La ville est éclatée entre plusieurs pôles urbains. Au fil de son développement, les faubourgs les plus proches de la butte ont été rattachés à la ville pour former un tissu urbain sans réel centre. Au nord, l’urbanisation est compacte autour des faubourgs et notamment celui de Vaux prés de la gare. Ce n’est plus qu’une juxtaposition d’immeubles et de maisons individuelles qui crée la ville, sans lien avec le territoire. Cette ville de 27 000 habitants s‘étale donc de maisons en maisons avec pour centre de vie un secteur sauvegardé, touristique et difficilement accessible. Les habitants des faubourgs s’identifient plus à leur faubourg qu’à l’entité ‘’ville de Laon’’. Cela marque d’autant plus la rupture entre le plateau et la ville basse. Un grand projet d’assainissement pour toute la partie nord de la ville a été lancé. Cette modernisation ne peut-elle pas être l’amorçage d’un plan de rénovation urbaine qui viendrait prendre appui sur les pentes afin de reconnecter le plateau à la ville vivante ? Comment la ville future va-t-elle se dessiner sans se déconnecter de la ville actuelle ? Cet ‘’étrange animal végétal’’ ne peut-il pas être le squelette de l’urbanisme et du développement futur de cette commune ?
Au sud, l’extension urbaine est marquée par la linéarité, ce qui ne freine toutefois pas la fermeture de la plaine alluviale de l’Ardon. Quel lien les pentes boisées de Laon créeront-elles avec la vallée de l’Ardon ?

Le périmètre de l’étude s’étend sur la ville toute entière ainsi que sur les paysages alentours qui forgent le potentiel de la ville. Le périmètre d’intervention, quant à lui, se situera sur la partie nord de la ville : sur une section type qui part du plateau historique et qui aboutit au derrière de la gare, dans les champs. Cette section comporte ainsi le plateau, les pentes boisées, des faubourgs et leurs extensions modernes. L’enjeu sera alors de traiter l’avenir en dessinant l’extension future de la ville de telle sorte que l’on comprenne, dans le futur, le programme urbain qui aura précédé son tracé. Penser l’avenir urbain de la ville aura pour intérêt de préserver et de traiter le passé et son patrimoine, tout en assurant une évolution urbaine cohérente.