Etudiant : Adrien Dussouchet
Directeur de mémoire : Michel Boulcourt
Entre l’homme et l’eau, quel avenir pour les marais de Redon.

Situé à environ 40 km de l'estuaire de la Vilaine, au carrefour entre les départements de la Loire Atlantique et du Morbihan et de l'Ille-et-Vilaine, la ville de Redon fut longtemps, de par sa situation géographique, une place stratégique et un pôle d'échange rayonnant sur l'ensemble de la Bretagne. Le pays de Redon, ainsi que la basse et moyenne Vilaine sont caractérisés par un chapelet de marais sur lesquels sont venus s'installer au fil des siècles, villes, agriculture et industries.  

Depuis l'époque romaine, l'homme des marécages a cherché à maîtriser son espace. Il a assaini des zones humides « hostiles », réalisé de nouvelles cultures... La région est restée très traditionnelle dans le domaine agricole, notamment dans les marais, essentiellement cultivé pour le foin. Redon est devenue un véritable port de commerce au XIX siècle, période durant laquelle le commerce fluvial trouvait son apogée (canalisation de la Vilaine, canal de Brest à Nantes). L'installation d'une industrie, souvent lourde et/ou chimique, a totalement métamorphosé le paysage local. Aujourd'hui, soumise aux aléas de la rentabilité, l'industrie redonnaise est en chute libre, totalement dépassée par le développement des villes plus importantes comme Rennes et Nantes. Le commerce fluvial a disparu sous la pression du commerce routier pour laisser place à la navigation de plaisance sur la Vilaine et ses affluents. Une nouvelle forme d'industrie s'est implantée dans les marais après de vastes travaux de remblaiements alors que d'énormes friches restent inexploitées en plein coeur de ville. Depuis leur création, ces zones industrielles « modernes » ont maintes et maintes fois été recouvertes par les eaux, causant de grave problèmes de pollution. Elles sont à leur tour peu à peu abandonnées et les élus locaux semblent incertains quant à leur avenir.
Ce chapelet industriel redonnais illustre bien la problématique de gestion de l'eau et des sols qui s'étend à l'échelle du bassin versant de la Vilaine. Etant donné la complexité et l'importance du réseau hydrologique, les marais de Redon et de Vilaine ont toujours été soumis à d'énormes inondations. Le barrage d'Arzal, situé à l'embouchure de la Vilaine, fut construit en 1970 pour tenter de résoudre ces problèmes de montée des eaux, faciliter la navigation, mais aussi, voire surtout, de permettre un franchissement de la Vilaine par la côte. D'autre part, les institutions étatiques à l'origine de ce projet pensaient aussi pouvoir mettre en place une agriculture à forte valeur ajoutée par l'«assainissement» des marais. Echec total. Ce barrage est à l'origine d'une véritable catastrophe écologique. L'équilibre fragile des marais est brisé. La biodiversité est gravement atteinte et l'économie qui y était liée d'autant plus (conchyliculture, pêche, exploitation des marais...). Les inondations non seulement perdurent mais font aussi de plus en plus de dégâts (pollution industrielle) et de plus en plus souvent. L'estuaire de la Vilaine doit faire face à des problèmes d'envasement désastreux. Les espoirs quant au développement agricole ont très vite disparu. Par ailleurs, les pollutions liés à l'agriculture locale et régionale, quasi exclusivement de l'élevage ( bovin, ovin, porc et volaille), s'avèrent catastrophiques pour les sols comme pour l'eau. C'est l'ensemble du bassin versant de la Vilaine qui est concerné.
Façonné par l'eau, remodelé par l'homme, le territoire montre bien la complexité de la relation qu'entretiennent ces deux acteurs au dépend du socle qui les supporte. L'Homme, obnubilé par son développement, a voulu maîtriser coûte que coûte le tracé de la Vilaine et de ses affluents. Dépassé, il subit aujourd'hui les conséquences de ses excès. Les marais, lieux de pêche, de pâture et de récréation, comme les infrastructures industrielles sont néanmoins des lieux identitaires qui ont marqué l'histoire et les mémoires des Redonnais. Aujourd'hui, leur évolution suscite une vive polémique (entre lobbying écologistes/ agriculteurs/industriels).

Aussi, le pays de Redon et ses marais souffrent terriblement de la conjoncture économique, en terme d'agriculture comme d'industrie, et doit faire face à des problématiques environnementales considérables, à l'échelle locale et régionale. Comment  préparer l'avenir de ces marais si l'on considère ces enjeux économiques, sociaux et environnementaux ?

Ainsi, jusqu'où l'homme peut-il prétendre maîtriser cet environnement ? De quelle manière peut-on envisager un juste équilibre entre espace naturel et espace anthropisé dans une optique de développement durable ? Comment peut-on continuer à exploiter l'eau en tant que ressource, tout en participant au maintien voire au développement de la biodiversité dont elle est garante ?