Etudiante : Vanessa Cottin
Directrice de mémoire : Claire Dauviau
La Seyne-sur-mer, un espace encore libre et attractif au coeur de la rade de Toulon.

Lorsque la ville de la Seyne-sur-mer est évoquée, la référence aux constructions des chantiers navals est présente à l'esprit des varois. Elle a été en effet une ville industrielle dynamique à partir de 1856 comme le fut aussi la Ciotat durant deux siècles. Elle fut à son apogée en 1970, jusqu'aux chocs pétroliers de 1973 et 1979 qui engendrèrent une crise implacable. En 1982 l'état décide, face à la baisse des effectifs, de créer la fusion des chantiers navals de Dunkerque, La Seyne et La Ciotat, donnant naissance aux Chantiers du Nord et de la Méditerranée (NORMED). Cette alliance est tardive et ne permet pas aux chantiers d'augmenter leur productivité. C'est alors que NORMED dépose le bilan, les chantiers ne sont plus rentables et seront prochainement fermés. Les communes de la Ciotat et de la Seyne se retrouvèrent dans une situation économique désastreuse. De nos jours, la ville s'est tournée vers un tourisme balnéaire, créant des zones de détentes (parcs, places) et organisant des festivités tout au long de l'année.

Le site qui m'a intéressé se trouve sur l'emplacement des anciens chantiers navals, une partie aménagée en parc et une zone libre à l'est de l'entrée du port de la Seyne sur mer. L'endroit est isolé et calme par rapport à l'agitation du reste du port. Il se définirait comme un "no man's land" avec une vue imprenable sur la rade de Toulon et des restes de briques, des grillages arrachés, des aménagements détruits, des bateaux sur cales en attente d'une éventuelle réparation, des carcasses de voitures brûlées. Le temps s'est arrêté mais une nouvelle colonisation des lieux s'opère, la végétation surgit des rives artificialisées et les Seynois s'emparent de ces espaces bétonnés comme lieux de loisirs (pêche), balade, pique-nique (barbecues sauvages), et de point de rencontre. Cette friche est redonnée aux Seynois malgré elle. Le territoire est fragmenté par différents petits ports et activités maritimes laissant naître entre eux des poches vides. Ces cloisonnements participent à une multitude d'ambiances particulières donnant des zones ouvertes sur la rade (installations des entreprises nautiques) et des zones plus intimes refermées sur elles-mêmes (petits ports). Une promenade se dessine le long des berges. Les installations n'ont pas complètement disparu avec la fermeture des chantiers en 1986, il reste quelques bâtiments en briques rouges, anciens vestiges de la période faste. Aujourd'hui, ces lieux ont laissé place à des espaces abandonnés, à une zone d'activités liée à la mer et depuis peu, une zone réaménagée en logements et en espaces publics (parcs). L'identité de ce port se perd du fait du manque de marques témoins de ce passé glorieux et d'un réinvestissement médiocre. Plusieurs projets ont été proposés mais n'ont jamais abouti, comme la création d'une marina.

En raison de son caractère de dernier espace encore libre dans la rade de Toulon, il est au coeur de forts enjeux économiques et sociaux. Avec le grand projet de la rade de Toulon mené par la communauté d'agglomération Toulon Provence Méditerranée, le site sera soumis a un réaménagement comme beaucoup d'autres bâtis (zone industrialo-portuaire de Brégaillon). La rade est réinvestie pour redynamiser ses activités économiques par plusieurs opérations sur 5 ans.
Quelle serait la meilleure reconversion pour le site, alliant la conservation du patrimoine industriel d'autrefois et les besoins d'aujourd'hui ?
Comment rendre au public cet accès direct à la mer malgré de fortes pressions foncières ? Quel avenir paysager entre terre et mer pour cet espace en friche si attaché aux Seynois ?

Je souhaiterais redonner une cohérence à ce site en le raccrochant à la ville de la Seyne sur mer tout en l'intégrant à la rade de Toulon. Recréer un lien entre l'histoire passée et la vie seynoise actuelle. Essayer de préserver ce balcon sur la rade en évitant sa banalisation.