Etudiante : Pauline Jéhanno
Directrice de mémoire : Dominique Caire
Quartier d’Orléans : recomposer la diversité dans la continuité.

D’une surface de 83 Km2, l’île de Saint-Martin n’apparaît pas plus épaisse qu’une tête d’épingle à l’échelle du globe. Elle se positionne à l’extrémité nord de l’Archipel des Antilles, près des côtes américaines, à 63°05’ degrés de longitude Ouest, 18°05’ degrés de latitude Nord. Ce territoire insulaire, mi-français, mi-hollandais, se baigne entre la mer des Caraïbes et l’Océan Atlantique. Il évolue sous un climat subtropical ventilé par le flux stable des alizés. Saint-Martin se distingue des autres îles de l’archipel par son littoral découpé, son relief mouvementé et ses plaines creusées de grands étangs d’eau saumâtre. Par sa végétation de milieu aride, le paysage exprime les sécheresses fréquentes. Peuplée par les Indiens Arawaks et Caraïbes dès 1800 av. J.C., l’île est découverte ultérieurement par Christophe Colomb. Depuis 1648, un traité signé entre Hollandais et Français partage le territoire en deux par le biais d’une simple limite cadastrale séparant Saint-Martin (partie française) de Sint-Maarten (partie hollandaise). L’époque coloniale lance une activité agricole dynamique sur l’île. Depuis, les étrangers affluent sur cette terre réputée hospitalière, diversifiant les langues et mêlant les cultures. La création de l’aéroport international Juliana dans les années 50 ouvre définitivement l’île vers une nouvelle économie basée sur le tourisme du soleil. Il s’en suit une urbanisation effrénée qui profite des avantages de la défiscalisation et qui entraîne un flux mal contrôlé d’une main d’œuvre d’immigrés. Au tournant du 21ème siècle, le paysage de Saint-Martin, victime de son succès et des aléas climatiques, révèle en marge des pôles touristiques une réalité urbaine que les élus locaux peinent à maîtriser. Aux destructions et reconstructions d’urgence dues aux cyclones dans les années 90, s’ajoute une consommation accrue d’espace qui se traduit par l’occupation illégale de la bande littorale, le grignotage des espaces naturels et l’implantation d’habitations précaires.

À l’Est de l’île, détaché des pôles d’attraction touristiques français (Marigot, Grand-Case, Cul-de-Sac, Baie Orientale) : (le) Quartier d’Orléans, un quartier populaire. Il est adossé au versant Est de Pic Paradis et occupe une grande plaine. Il côtoie, au Sud, la partie hollandaise et s’étend, au Nord-Est, vers l’Etang aux Poissons - classé réserve naturelle - et l’Océan Atlantique. La route principale, la Nationale 7, traverse la plaine du Nord au Sud d’une seule traite. Longtemps laissé pour compte et échappant à la frénésie touristique du 20e siècle, le quartier a grandi seul, entretenant son image de village et son sens de la communauté. Mais depuis ces dernières décennies, à cause de l’immigration croissante, des dégâts causés par les cyclones et des programmes de relogement pour les sinistrés, une urbanisation agressive, anarchique, voir précaire, se développe autour de l’Etang aux Poissons et sur la plaine de part et d’autre de la RN7. Les habitants voient alors arriver une masse de nouveaux arrivants et un nouvel urbanisme. Et, déjà, (le) Quartier d’Orléans est réputé pour être une enclave urbaine vulnérable aux risques d’inondations. La plaine habitée est un immense bassin versant qui collecte les eaux pluviales et usées de tous les environs. Les ravines et l’étang débordent rapidement. Les ouvrages hydrauliques et la station d’épuration, sous dimensionnés, saturent très vite. L’Etang aux Poissons en subit des conséquences écologiques désastreuses. Aujourd’hui, la collectivité et une société d’économie mixte tentent de réparer les défauts du quartier. Avec les aides de l’Etat, un programme de Résorption de l’Habitat Insalubre (RHI) est engagé. Le quartier se voit également pourvu de nombreux aménagements, mais, faute d’une approche globale, les projets naissent sans cohérence entre eux et sans lien avec l’environnement naturel du quartier.

L’objectif est donc d’affirmer l’identité de Quartier d’Orléans en recomposant son unité urbaine avec ses habitants et ses diversités intrinsèques, autour d’un cœur de quartier et de nouveaux repères. Quelle trame adopter pour réorganiser et façonner le territoire, tout en détournant ses contraintes naturelles et en faire des atouts, lui garantissant un avenir prometteur et durable ?