Etudiante : Camille Corbin
Directeur de mémoire : Jean-Marc Gaulier
Quelle échelle pour une trame verte ? Un projet de paysage pour mettre en cohérence des enjeux de territoire.

L’écologie retient aujourd’hui l’attention des décideurs. Un grand nombre de projets de territoire veut s’inscrire dans l’avenir en empruntant le chemin d’un développement durable. C’est ainsi que les élus du Val de Marne (94) ont récemment lancé plusieurs études de grande envergure sur leur territoire, qui visent à sauvegarder et à restaurer leurs qualités écologiques et paysagères, plus précisément depuis la frange sud de la ville de Créteil jusqu’aux portes de la Francilienne (N104).

Un plateau bordé de deux grands massifs boisés (la forêt de Sénart et la forêt de Notre Dame) et de deux vallées (la vallée de l’Yerres et celle de son affluent, la vallée du Réveillon) définissent le territoire d’étude qui se compose de différentes unités paysagères : d’abord, la forte densité urbaine de l’agglomération parisienne à Créteil ; des grandes forêts qui constituent ce qu’on appelle les massifs forestiers de l’Arc Boisé ; la vallée du Réveillon, petit cours d’eau de charme qui marque le relief ; une grande zone d’activité ; les grandes cultures qui annoncent le plateau agricole de la Brie ; et pour finir, le maraîchage et les serres horticoles qui occupent les lieux depuis le XIXème siècle. Ces derniers paysages viennent s’adosser à la Francilienne qui ceinture Paris et son agglomération. Cette nationale aux allures de petite autoroute marque la limite nord-sud de ce territoire. Tous ces paysages sont traversés d’ouest en est par la ligne TGV Paris/Lyon. Cette ligne de chemin de fer fait écho à l’ancien « Chemin des Roses », chemin de fer qui acheminait les productions horticoles et maraichères vers les marchés de Paris. Cet axe est aujourd’hui désaffecté et transformé par endroit en promenade.

Sur ce territoire, les élus du département travaillent sur trois axes opérationnels ; deux de ces opérations visent à restaurer les qualités écologiques de ce territoire :
- « Définition des continuités écologiques de l’Arc Boisé », volonté de recréer les connexions entre les différents massifs boisés, en respect avec la charte de l'Arc Boisé afin, notamment, de maintenir et favoriser la biodiversité. Certains massifs se voient aujourd’hui scindés par différents axes de communication (la ligne TGV ainsi que la Francilienne) et parfois par la discontinuité qu’apporte l’urbanisation de certains secteurs. - Le Syndicat Interdépartemental pour l’Assainissement de l’Agglomération Parisienne (SIAAP) développe des projets de restauration de cours d’eau et d’aménagement de sentiers paysagers sur le Réveillon.
Une troisième opération vise à mettre en place une « coulée verte » :
- « Coulée verte de l’interconnection TGV », projet de création de coulée verte de 17 Km de long (un projet initié de longue date qui aujourd’hui retrouve une nouvelle dynamique grâce à l’impulsion donnée par les volontés politiques de la région) depuis le sud de Créteil à Villecresnes. Le programme minimum des élus est de réaliser une promenade confortable pour les piétons et les cycles. Le second objectif est de donner une valeur ajoutée au tracé de la coulée verte par la mise en valeur des paysages des sites traversés et d’en améliorer la qualité écologique. Le département voisin, la Seine et Marne, est déjà pourvu d’une coulée verte qui jouxte la Francilienne sans qu’il existe de lien entre cette réalisation et ce dernier projet du Val de Marne. Une section de coulée verte est manquante dans la programmation. Il serait bénéfique et intéressant de lier ces deux coulées vertes afin d’obtenir une vraie cohérence territoriale qui porterait les intérêts paysagers, écologiques et sociaux de ce territoire. Ce projet de liaison de coulées vertes se retrouve dans les différents plans et schémas de développement territoriaux de la région Île-de-France sans qu’aucun porteur de projet ne se soit encore manifesté à ce jour.

Ces différentes études révèlent une zone d’enjeux paysagers mais aussi écologiques sur laquelle ils s’interconnectent. Alors, de quelle façon structurer l’ensemble de ces préoccupations pour en faire un projet de paysage cohérent à l’échelle bioécologique ?