Etudiante : Véronique Lörtscher
Directeur de mémoire : Jean Grelier
Le quartier du Hédas à Pau, revitalisation d’un vallon urbain.

Aux portes des Pyrénées, et au pied du gave* qui porte son nom, la ville de Pau s'est construite grâce à, en limite, puis autour d'un vallon innervé par une rivière drainant un bassin versant de 500 hectares, le Hédas. "Ravin du Hédas", "côte des malfaisants", "quartier de la Fontaine", "cloaca maxima" furent les différentes nominations de ce quartier. Et pour cause, outre le fait plutôt prestigieux d'abriter l'unique fontaine de la ville, sa position centrale et son accès rendu difficile par ses versants escarpés en ont vite fait l'égout principal de la ville ainsi que le lieu de vie des classes sociales les plus pauvres (ouvriers, immigrés,...).

De nombreux ponts ont eu tôt-fait d'enjamber le vallon, permettant à la ville de se développer au- delà, tout en enclavant définitivement ce quartier non désiré. Convergence de tous les rejets (ville, tanneries, abattoirs), le cours d'eau définitivement considéré comme égout fut busé jusqu'au gave de Pau dont il est originellement l'affluent. Aujourd'hui encore le Hédas sert d'égout, eaux usées et pluviales se mêlent au cours d'eau quasi imaginaire et partent pour la station d'épuration; peu de gens se rappellent qu'il fut rivière... L'insalubrité du quartier lui a valu de nombreuses démolitions, mais aussi la réhabilitation de certains bâtiments en maisons de quartier (crèche, associations). Maisons qui, avec les restaurants et les bars, constituent encore les principaux piliers de la vie de ce quartier populaire. Ancien chemin de transhumance, le vallon du Hédas fut aussi un axe de communication humain important. Epousant le lit de l'ancien cours d'eau, il se réduit aujourd'hui à l'unique rue du Hédas, circulation d'asphalte qui s'ouvre et se resserre au coeur du bâti, offrant un parcours aux vues insolites sur la ville, mais ne servant que de parking plus ou moins sauvage, et ce, de bout en bout. La voiture y est reine, le piéton n'est rien.
La ville de Pau  continue de se développer et de se recréer dans le même rapport au quartier du Hédas, sclérosant le clivage haut bas de la ville. Depuis quinze ans, la ville rénove et investit dans un centre piétonnier dont le Hédas est plutôt exclu ; selon le nouveau PLU, le quartier serait concerné par un simple cheminement piétonnier et se trouve inclus dans la ZPPAUP (Zone de Protection du Patrimoine Architectural Urbain et Paysager) liée au château de Pau.
  Face aux démolitions ou réhabilitations pastiches qui menacent ce lieu remarquable, est née l'envie de penser à un renouveau guidé par les questions suivantes : Comment rattacher ce quartier, enclave en plein coeur, à sa ville ? Comment y redévelopper les flux vitaux et poétiques ? Comment en faire un lieu de vie enfin acceptable et respecté pour ses habitants ainsi qu'un lieu fédérateur pour l'ensemble de la ville ? Comment révéler son identité à travers un projet paysager qui raconterait son territoire, au lieu de le nier ? Comment repenser l'eau dans la ville d'aujourd'hui et lui redonner une place dans ce quartier et dans cette ville qui y est tant liée et qui s'en est affranchie ? Comment renouveler la ville en se nourrissant du passé sans être passéiste ? Comment revitaliser ce vallon urbain ?
*Terme désignant un cours d'eau torrentiel dans les Pyrénées occidentales