Etudiant : Sylvain Delboy
Directrice de mémoire : Catherine Farelle
Grigny : ville pour utopies.

1965 : un village, à 25 km de Paris, adossé à un coteau boisé, regarde la Seine, ses lacs … sa vallée.
Associé à l’Etat, il se prépare à accueillir une ambition, un espoir, une utopie : penser une façon nouvelle d’habiter.
Dans ces années, à renfort de slogans, «Faire la ville à la campagne», «Habiter ici, travailler ailleurs», de nombreuses banlieues se construisent une nouvelle identité.

1970, cinq ans plus tard, deux grands ensembles, la Grande Borne et Grigny 2, sont ancrés dans le paysage grignois. La population a explosé et est passée de 3000 à 25 000 habitants.
Précurseurs dans leur domaine, médiatiques, ces grands ensembles illustrent deux modèles pionners : un quartier exemplaire, de qualité, à faible densité d’habitat découpant un espace public piéton généreux et un ensemble residentiel, hors du commun, première ZAC et copropriété de France.

Le développement est rapide, trop rapide, précipité par la volonté de changement. Ces cités vont, avec le temps, se confiner et créer leurs propres remparts, qui seront renforcés par le déploiement de la logique routière.

Par manque de relation avec le contexte existant, ces forteresses-modèles vont rapidement s’écrouler. Par manque d’équipements, d’emplois, de financements, le village devenu ville se paupérise. Exemple typique et atypique, Grigny illustre l’enclave des banlieues.
Typique car elle exprime cette tension palpable, contemporaine, ce malaise ambiant.
Atypique car elle présente en son territoire un potentiel considérable de dynamisme, un contexte géographique et naturel généreux, mais trop longtemps assujetti : lacs, Seine, boisements, prairies du grand espace vide central à urbaniser, …
Après un début de réflexion urbaine conduit par la ville et ses habitants dans les années 90, l’Etat valide, en 1994, la mise en place d’un GPV (Grand Projet de Ville) afin de réhabiliter, réinvestir ces deux entités et de tisser la ville autour du nouveau centre encore vierge.
Parallèlement, et avec le temps, les Grignois ont aussi inventé leurs propres outils de développement. Singuliers, jeunes, dynamiques, ils utilisent les espaces vacants : terrains délaissés ou oubliés, en attente, où ils tracent leurs chemins, créent leurs jardins, … leur quotidien.

D’une diversité étonnante pour un seul territoire, Grigny est un grand collage. Il porte ses qualités et ruptures qui permettent encore de rêver.
Rêver à une re-couture par un nouveau cœur de ville, mais plus encore :
- Assumer la faculté acquise du « provisoire » et les esquisses créatives éphémères posées par ses habitants.
- Jouer avec le temps qui dessine et construit, lot par lot, le territoire.
- Ne pas omettre de nouveau la géographie.

C’est dans cette volonté que se dessinera mon projet sur ce territoire laboratoire.