Etudiante : Violette Decaux
Directeur de mémoire : Marc Claramunt
Toul : passage d’une ville militaire à une ville civile.

De l’autoroute, les tours ciselées de la cathédrale annoncent la ville et son grouillement de vie alors invisible. Un peu plus loin, le mont St Michel expose au bas de ses pentes les taches claires des barres HLM. Le reste de la ville semble confus, il est difficile d’en percevoir les différents niveaux. Les toitures luisantes se mêlent aux prairies, les murs des bâtiments à ceux des talus.
Cette image fugace est celle que j’ai eue de Toul pendant des années et celle que retiennent chaque jour des centaines d’automobilistes.
Depuis l’époque gallo-romaine, Toul est une étape, un point de passage. L’autoroute A31 et la voie de chemin de fer perpétuent cette situation, mais on y passe plus rapidement, sans faire de halte.

La ville s’est implantée sur un marécage au pied du Mont St Michel. La Moselle, qui forme une boucle, y est difficilement franchissable et assure ainsi sa protection. à ces eaux, actuellement dédoublées en Moselle sauvage et Moselle canalisée, se mêlent, à Toul, celles de l’Ingressin. Petit ruisseau détourné pour alimenter les fossés des fortifications, il supporte aussi les eaux usées d’une partie de la ville.
Au haut Moyen Age, l’autorité ecclésiastique prend possession de la ville et la régit jusqu’au rattachement de la Lorraine à la France. La Lorraine est à cette époque une zone de conflit entre la Prusse et la France, la situation militaire de Toul est alors renforcée. Vauban dessine pour la ville une carapace de terre et de pierres. Levées, bastions, fossés, et demi-lunes assurent défense et sécurité, mais provoquent aussi l’étouffement de la ville, Toul s’enferme. L’enceinte clos un monde, clos une ville qui ne s’ouvre plus qu’au ciel.
Les techniques et stratégies militaires évoluant, les protections ne sont plus à l’échelle de la ville mais du pays. Après 1870, Toul devient un fort retranché, l’enceinte Vauban a moins d’impact, la ville sort de ses murs. Peu à peu les militaires s’éloignent du centre et soulagent la ville qui regagne du terrain. Casernes françaises puis américaines se multiplient alors près des grands axes jusqu’à la Seconde guerre mondiale. Dès l’abrogation du service militaire, en 1997, la ville perd rapidement  une grande partie de son activité. Terrains et bâtiments retournent alors dans le domaine civil, mais ils n’ont pas encore tous retrouvé d’usage ni de réelles destinées.

Ville épiscopale, ville militaire, Toul cherche à devenir simplement une ville. En quête d’identité, elle se retourne et s’appuie sur son passé. Le patrimoine est restauré pour développer le tourisme. Les fortifications sont figées dans une image au plus proche de celle du XVIIIème. Elles restent pourtant une division forte entre le centre-ville dense et la périphérie au bâti beaucoup plus diffus. Le legs des terrains militaires exige de repenser la relation entre le centre et sa périphérie, entre les différentes échelles de la ville.