Etudiant : Rémi Janin
Directeur de mémoire : Jean-François de Boiscuillé
AGRICULTURE, QUELS PAYSAGES POUR QUELS PROJETS ? UNE FERME EN QUESTIONS
Les paysages agricoles sont nés de l’interaction complexe entre des groupes humains et des lieux particuliers. Autant de formes que de rencontres possibles entre l’homme et le milieu naturel, selon ses outils, ses moyens et ses valeurs. Autant de sociétés agricoles différenciées, en rapport de proximité aux lieux investis.
L’agriculture structurait l’espace et structurait la société, placée en son centre.
Les sociétés actuelles, industrielles et urbanisées, ont redéfini le rôle de l’agriculture et celui de l’agriculteur. Les outils agricoles ont évolué et avec eux les paysages ; des moyens industriels pour une société urbanisée, remettant en cause les équilibres humains et mettant en péril les ressources terrestres.
Conscientes de ces limites, les nouvelles envies et orientations urbaines dénoncent l’agriculture comme destructrice des paysages et des équilibres écologiques ; les notions de durabilité et de multifonctionnalité entrent dans la donne agricole.
L’agriculture se trouve alors au carrefour de plusieurs regards. D’abord le sien, orienté par une logique essentiellement productive. Puis celui de la société élargie, lui reconnaissant le rôle indispensable de producteur de paysages et de garant des équilibres écologiques. Incompatibilités d’usage ?
L’agriculture prend des voies et des formes différentes, entre industrie mondiale et valorisation de terroirs locaux.
L’agriculture se questionne, en manque d’identités territoriales et sociales, en manque de desseins.
Le projet prévoit de partir de l’agriculture pour redéfinir sa place, son rôle, son statut, ses représentations, ses implications et ses problématiques dans les sociétés et les paysages actuels.
Il prévoit de s’interroger à travers la réalité d’un site : une ferme avec sa vallée, dans les monts du Haut Beaujolais, ouverte sur l’urbain, s’interrogeant sur son devenir.
Une ferme envisageant un projet de futur bâtiment(s) et une restructuration nouvelle de l’espace qu’elle occupe ; un projet particulier pour nourrir une réflexion élargie.
Une ferme comme lieu de questions et de réponses, au creux d’un paysage agricole support de nouveaux regards, nouveau lieu d’appropriation urbaine, en lien avec les agglomérations de Lyon et de Roanne.
Les agriculteurs y sont peu nombreux, mais font l’essentiel du paysage, le fabriquent, le modifient, l’entretiennent, l’utilisent. S’ils ont ce rôle, ils ne sont cependant plus réellement participatifs des projets collectifs. Liens ambigus avec les autres habitants, acteurs ou visiteurs, en attente de certains types de paysages et d’images. Ici comme ailleurs, quelles sont ces attentes et comment sont-elles formulées ?
Comment les paysages agricoles actuels y répondent ou pas ?
Au-delà de ces questions, quelles sont les formes spatiales et architecturales nouvelles produites par l’agriculture et quelles démarches de projet peuvent-elles nourrir ?
Le paysage n’est-il pas alors un moyen de projet à la croisée des regards, en établissant des liens entre urbain et rural, entre agriculture et durabilité ?