Etudiant : Romain Bossé
Directeur de mémoire : Jean Mahaud
A LA RECONQUETE DES BERGES DE LA SEINE INDUSTRIELLE
Le territoire Seine Amont est le lieu de l’entrée de la Seine dans Paris. Il comprend 12 communes, implantées de part et d’autre du fleuve, des portes de Paris (Charenton) au sud du Val-de-Marne (Ablon). Constitué d’une vaste plaine alluviale bordée de coteaux, cet espace est parcouru par les lits de la Seine et de la Marne. L’urbanisation s’est d’abord organisée à partir des bourgs anciens, puis sur les coteaux et les plateaux, le long des grandes routes venant de Paris. La création du chemin de fer, en 1850, est le vecteur d’une industrialisation rapide des berges de la Seine. Entre 1960 et 1970, avec notamment la construction de grands ensembles, la totalité du territoire est urbanisée. Aujourd’hui, le secteur Seine Amont et les berges du fleuve présentent une image floue, fragmentée de faisceaux ferrés et de vastes zones industrielles. Les contraintes environnementales sont multiples : nuisances sonores (aéroportuaires principalement), territoires inondables, installations industrielles classées. J’ai choisi de m’intéresser au cas de Villeneuve-le-Roi, ville située à l’extrême sud du territoire.
La commune de Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne) présente un découpage assez marqué, d’Est en Ouest. Trois surfaces relativement égales forment le territoire : la première, à l’Ouest, est composée des pistes de l’aéroport d’Orly, la seconde est la zone habitée de la commune (plusieurs quartiers : le Pré aux Licornes, le haut Pays, la Faisanderie), une nappe pavillonnaire qui s’étend jusqu’à la voie ferrée et qui vit au rythme des décollages et atterrissages.
Au-delà du talus et jusqu’à la Seine, s’étend la zone industrielle de Villeneuve-le-Roi. Cet espace est isolé du contexte communal par la voie SNCF surélevée. Deux tunnels, aux extrémités Nord et Sud de la ville, permettent de franchir la voie, et d’appréhender ce quartier. Enclavé par le talus, et encore plus par le découpage des parcelles où s’implantent différents types d’entreprises et le groupement pétrolier du Val-de-Marne, ce secteur de la ville présente en son sein un système de canaux, les darses. Appartenant aux Sablières Morillon-Corvol, ces canaux sont le fait de l’exploitation du sol, de l’extraction de granulats servant à différents chantiers d’Ile de France. Par la suite, ces canaux ont servi à l’acheminement de matériaux par voie fluviale. Désormais inutilisées, ces étendues d’eau sont difficilement accessibles et présentent pourtant des qualités indéniables : abris pour oiseaux nicheurs, bosquets « sauvages », présence de l’eau, proximité de la Seine et de ses berges. Certaines parcelles bordant le fleuve accueillent également des jardins familiaux, en marge d’une friche d’une dizaine d’hectares.
Dans le contexte du territoire Seine Amont, je souhaiterais présenter l’organisation du tissu industriel bordant le fleuve et ses mutations possibles, la rive gauche de la Seine étant définie par l’IAURIF comme secteur de renouvellement urbain, de Paris au Sud du Val-de-Marne. Peut-on juxtaposer, insérer de nouveaux usages sur un territoire depuis longtemps dévolu à l’activité industrielle ?
Dans chacune des communes bordant le fleuve, les berges prennent des apparences variables (largement ou peu domestiquées, « vertes » ou bétonnées) : quelles sont les potentialités de ces différentes façades de ville ? Y a-t-il déjà des démarches exemplaires de « reconquête » des berges ?
A l’échelle de Villeneuve-le-Roi et de la zone industrielle : quels sont les moyens pour désenclaver ce quartier de la ville et recréer des liens entre les zones habitées et le fleuve ?
Au regard des différentes contraintes (bruit, caractère inondable, classement Seveso, …), une zone industrielle peut-elle devenir un espace « perméable », accessible aux habitants ?
Les berges de la Seine industrielle peuvent-elles tolérer de nouveaux usages, concilier environnement, loisirs et activités économiques ?