Etudiante : Anne Drugeon
Directrice de mémoire : Jacqueline Osty
GARRIGUE NIMOISE : QUEL PAYSAGE APRES LE FEU?
Sur les hauteurs au nord de Nîmes, un croissant de garrigue freine l’urbanisation. Ce territoire fragile, de pierres et de xérophytes, est sec, venteux en été, et soumis à de violents orages en automne. Il évolue et régresse avec le pâturage, les cultures sur brûlis, l’agriculture et l’afforestation.
Suite au passage d’un grand feu, en 1989, dans l’un des couloirs de vent de Nîmes, entre les communes de Marguerittes, Cabrières, Poulx et St Gervasy, les traces d’exploitation de ce paysage ingrat ont été révélées. Cette tragédie pour les habitants a mis à nu un ensemble fascinant de terrasses et capitelles (abris de pierres habités pendant la période des cultures et des récoltes) construits au XVIIIe siècle par les rachalants (« qui n’ont que leurs bras »).
Ce territoire est alors devenu, grâce aux financements de la communauté européenne, un lieu de promenade pour les habitants des villages alentour et les nîmois.
à l’époque, une réflexion a été entamée sur l’occupation du sol par l’agriculture (la culture de l’olivier a été encouragée) et la forêt (plantation de pins à croissance rapide), modifiant considérablement le paysage pour une meilleure lutte contre le feu.
Quand, cet été, le feu dévaste à nouveau 650 ha dans le même couloir de vent, dévorant plusieurs maisons éparpillées et menaçant les nouveaux quartiers de Nîmes, Poulx et Cabrières, le drame paraît encore plus injuste.
Lorsque l’on sait que le danger peut vous atteindre, le paysage est toujours traumatisant, surtout lorsqu’il est visible depuis les 4 communes.
Pourtant, il peut paraître fascinant : lunaire là où les pins trop jeunes ont été réduits en cendres, automnal là où les chênes et les arbousiers avaient assez d’ampleur. Il s’organise en mosaïque de peuplements, les vignes et les oliveraies se détachant souvent de l’ensemble.
Le paysage parle, certaines conclusions paraissent évidentes, mais les solutions sont loin d’être toutes faites et évoluent avec les recherches fondamentales des scientifiques.
Les premières actions, pour les différents services techniques, consisteront à nettoyer, effacer toutes les traces de brûlures, puis, tout mettre en œuvre « pour que cette tragédie ne se reproduise plus jamais ».
Pourtant, le feu fait partie de l’écosystème méditerranéen et il est ici presque inévitable, à moins de raser complètement la garrigue. S’il est incontrôlable, il devient intéressant lorsqu’il signe et redessine le paysage. Il faut peut être « simplement » lui laisser sa place.
Pour cela, et puisque l’urbanisation de tous ces villages en périphérie de grandes villes et même, à plus long terme, de toute la ceinture méditerranéenne, paraît elle aussi inévitable, il faut maintenant réfléchir à la façon dont ces nouveaux quartiers peuvent exister autrement, dans la prise en compte de ce risque naturel, « pour que le feu existe, mais que les habitants n’aient plus peur ».
Le feu aura permis de mettre le doigt sur des problèmes plus étendus : la densité de l’habitat, l’étalement de l’urbanisation, le rapport de l’espace public.