Etudiante : Caroline Hugonnet
Directeur de mémoire : Michel Boulcourt
ROCHEFORT DU GARD, UNE COMMUNE DANS SON TERRITOIRE

Objets de convoitise pour les villes en tant que réserves foncières, les espaces ruraux périurbains tendent à disparaître à mesure que l’étalement urbain se développe.
Résultat : la ville est aujourd’hui partout et nulle part, soumettant chaque jour un peu plus les paysages ruraux alentours aux besoins et désirs d’habiter, de communiquer ou d’échanger de notre société en modifiant leur image, voire jusqu’à nier leur identité.
Par conséquent, comment, aujourd’hui, face à cette dynamique consommatrice d’espace, éviter la banalisation de ces paysages ? Comment une commune rurale peut-elle survivre et se développer tout en conservant son caractère, son écriture intrinsèque ?
Rochefort-du-Gard, commune rurale située dans la partie gardoise du Grand Avignon, est un de ces sites qui doit répondre à ces défis lancés aux espaces périurbains. Un cas parmi tant d’autres en France, mais c’est celui que j’ai choisi de traiter pour mon diplôme.
La Communauté d’agglomération du Grand Avignon (COGA) regroupe 11 communes et compte environ 160000 habitants répartis sur deux départements (Vaucluse, Gard), et sur deux régions (PACA, Languedoc-Roussillon). L’agglomération d’Avignon croît de 0,66 % par an. La population hors agglomération croît de 1 % (INSEE 1999). L’urbanisation de la périphérie est donc plus rapide que celle du centre. En cinquante ans, la surface urbanisée a été multipliée par quatre pendant que le nombre d’habitants ne faisait que doubler. L’urbanisation de la périphérie se réalise donc d’une manière anarchique puisqu’elle ne s’ajuste pas aux besoins réels de la population.
Rochefort, en tant que commune membre de la COGA, subit depuis 30 ans cette dynamique du fait de l’attractivité du territoire dans lequel elle s’inscrit et de sa disponibilité. Face à la pression foncière (110 permis de construire délivrés en 2002) et démographique (de 1200 habitants en 1975 à 6500 aujourd’hui avec 10000 prévus dans 10 ans) qui s’y exercent, il est aisé de comprendre que vu les raisons de son attractivité, la qualité du cadre de vie des Rochefortais soit en danger. Quant à sa disponibilité, donc à sa « lotissabilité », elle peut être rapidement remise en question par la notion de vide accordée à son territoire, c’est-à-dire une vaste plaine agricole structurée par des haies brise-vent et des canaux de drainage délimitant des parcelles cultivées (viticoles, céréalières et maraîchères). Le tout est cerné par des massifs calcaires avec en ligne de mire la vue sur le Mont Ventoux. Les hauteurs ont été prises d’assaut dans un premier temps, puis la plaine, tout cela dans le plus grand désordre et sans aucune référence au territoire, mais à l’écoute des opportunités foncières et des aspirations individuelles. Pourtant, jusqu’à une période relativement récente, les implantations humaines obéissaient à la logique topographique et hydraulique du site. C’est ainsi que le village originel de Rochefort caractéristique de l’habitat rural perché du Gard s’est implanté sur un des versants de ces massifs, à l’abri du Mistral et exposé au sud, laissant aux terres fertiles et humides de la plaine, l’activité agricole.
Consciente de la nécessité d’un projet urbain permettant d’anticiper, d’organiser l’urbanisation et de préserver leur paysage, la commune de Rochefort a décidé de réviser son plan d’occupation des sols et de se lancer dans la rédaction d’un Plan local d’Urbanisme.
Par conséquent, mes intentions sont in fine d’imaginer un mode d’urbanisme qui soit adapté au site et répondre aux besoins actuels de la population. Pour atteindre cet objectif, je m’attacherai à cerner les dynamiques et les enjeux auxquels est soumis le territoire dans lequel s’inscrit la commune, et à révéler son caractère et ses valeurs.