| Objets de convoitise pour les villes en tant que 
        réserves foncières, les espaces ruraux périurbains 
        tendent à disparaître à mesure que l’étalement 
        urbain se développe.Résultat : la ville est aujourd’hui partout et nulle part, 
        soumettant chaque jour un peu plus les paysages ruraux alentours aux besoins 
        et désirs d’habiter, de communiquer ou d’échanger 
        de notre société en modifiant leur image, voire jusqu’à 
        nier leur identité.
 Par conséquent, comment, aujourd’hui, face à cette 
        dynamique consommatrice d’espace, éviter la banalisation 
        de ces paysages ? Comment une commune rurale peut-elle survivre et se 
        développer tout en conservant son caractère, son écriture 
        intrinsèque ?
 Rochefort-du-Gard, commune rurale située dans la partie gardoise 
        du Grand Avignon, est un de ces sites qui doit répondre à 
        ces défis lancés aux espaces périurbains. Un cas 
        parmi tant d’autres en France, mais c’est celui que j’ai 
        choisi de traiter pour mon diplôme.
 La Communauté d’agglomération du Grand Avignon (COGA) 
        regroupe 11 communes et compte environ 160000 habitants répartis 
        sur deux départements (Vaucluse, Gard), et sur deux régions 
        (PACA, Languedoc-Roussillon). L’agglomération d’Avignon 
        croît de 0,66 % par an. La population hors agglomération 
        croît de 1 % (INSEE 1999). L’urbanisation de la périphérie 
        est donc plus rapide que celle du centre. En cinquante ans, la surface 
        urbanisée a été multipliée par quatre pendant 
        que le nombre d’habitants ne faisait que doubler. L’urbanisation 
        de la périphérie se réalise donc d’une manière 
        anarchique puisqu’elle ne s’ajuste pas aux besoins réels 
        de la population.
 Rochefort, en tant que commune membre de la COGA, subit depuis 30 ans 
        cette dynamique du fait de l’attractivité du territoire dans 
        lequel elle s’inscrit et de sa disponibilité. Face à 
        la pression foncière (110 permis de construire délivrés 
        en 2002) et démographique (de 1200 habitants en 1975 à 6500 
        aujourd’hui avec 10000 prévus dans 10 ans) qui s’y 
        exercent, il est aisé de comprendre que vu les raisons de son attractivité, 
        la qualité du cadre de vie des Rochefortais soit en danger. Quant 
        à sa disponibilité, donc à sa « lotissabilité 
        », elle peut être rapidement remise en question par la notion 
        de vide accordée à son territoire, c’est-à-dire 
        une vaste plaine agricole structurée par des haies brise-vent et 
        des canaux de drainage délimitant des parcelles cultivées 
        (viticoles, céréalières et maraîchères). 
        Le tout est cerné par des massifs calcaires avec en ligne de mire 
        la vue sur le Mont Ventoux. Les hauteurs ont été prises 
        d’assaut dans un premier temps, puis la plaine, tout cela dans le 
        plus grand désordre et sans aucune référence au territoire, 
        mais à l’écoute des opportunités foncières 
        et des aspirations individuelles. Pourtant, jusqu’à une période 
        relativement récente, les implantations humaines obéissaient 
        à la logique topographique et hydraulique du site. C’est 
        ainsi que le village originel de Rochefort caractéristique de l’habitat 
        rural perché du Gard s’est implanté sur un des versants 
        de ces massifs, à l’abri du Mistral et exposé au sud, 
        laissant aux terres fertiles et humides de la plaine, l’activité 
        agricole.
 Consciente de la nécessité d’un projet urbain permettant 
        d’anticiper, d’organiser l’urbanisation et de préserver 
        leur paysage, la commune de Rochefort a décidé de réviser 
        son plan d’occupation des sols et de se lancer dans la rédaction 
        d’un Plan local d’Urbanisme.
 Par conséquent, mes intentions sont in fine d’imaginer un 
        mode d’urbanisme qui soit adapté au site et répondre 
        aux besoins actuels de la population. Pour atteindre cet objectif, je 
        m’attacherai à cerner les dynamiques et les enjeux auxquels 
        est soumis le territoire dans lequel s’inscrit la commune, et à 
        révéler son caractère et ses valeurs.
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