Le Paillon perdu dans un espace vide
Au fond d’un lit géant fier de s’ensevelir
A d’un sot employé la destinée aride,
Il occupe une place et ne peut la tenir.
Petit Jean (poète Genevois du XVIème siècle)

Nice est à la rencontre des Alpes et de la Méditerranée. Son histoire lui a donné ces 2 identités.
La ville contrainte par un site très vallonné s’est étendue dans la plaine alluviale du paillon. C’est un cours d’eau au régime torrentiel qui est à sec presque toute l’année. Cette condition a créé entre la ville et le fleuve d’étroites relations.
Chronologiquement, le fleuve fut :
- un obstacle défensif pour la cité,
- une voie de communication naturelle vers le royaume de Savoie et sa capitale Turin,
- un axe de développement de divers bourgs et édifices religieux,
- endigué pour étendre la zone agricole et la protéger,
- une source d’énergie et d’irrigation,
- au XIXème siècle, un obstacle dans le développement de Nice vers l’ouest (début de son recouvrement vers le centre ville) et une réserve foncière pour l’implantation d’activités artisanales et industrielles,
- un lieu stratégique pour la construction de logements après la Seconde Guerre Mondiale.
Progressivement, la ville a ignoré le Paillon, et l’a réduit à son minimum. Aujourd’hui, le Paillon n’a plus de lien avec sa vallée. Les berges servent de voies rapides urbaines, de parkings, coupant ainsi toute relation. Le cours d’eau a ainsi perdu son identité et ses usages.
Prenant conscience du problème et de l’enjeu de ces espaces, la commune souhaite engager une réflexion sur le fleuve, ses berges et les quartiers limitrophes.
Mon étude porte sur la traversée du fleuve dans la ville de Nice, et particulièrement sur les 5 kilomètres en amont de la partie couverte.
Les interventions prendront en compte trois niveaux de réflexion :
- L’échelle de la ville. Le fleuve marque un axe fort des quartiers Nord au centre ville, situé au Sud. Quelle(s) fonction(s) donner au Paillon dans la nouvelle urbanité niçoise ? Doit-il devenir un élément fédérateur de la ville ?
- L’échelle des quartiers. Quel rôle le Paillon peut-il avoir dans leur reconquête ? Les berges, fusion structurante entre le fleuve et le milieu urbain, peuvent-elles contribuer à améliorer leur structure et à intégrer le cours d’eau à la vie du quartier ?
- L’échelle du lit du Paillon. Le lit est un espace ouvert, public, et un lieu de regard sur la ville et son paysage. Quelle identité et quelle fonctionnalité lui donner ? Quel aménagement trouver pour un fleuve au régime aléatoire ?