Etudiant : Samuel Boussus
Directeur de mémoire : Marc Claramunt
Stella-Plage : Pour une recomposition paysagère d’une station balnéaire inachevée.

Entre Boulogne-sur-Mer et la baie de Somme, d’épaisses dunes entrecoupées de larges estuaires affrontent la mer. C’est un espace aux reliefs chahutés par le vent, tantôt alimentés, tantôt creusés par la houle. La proximité de la mer limite le peuplement du milieu : seules les grandes gerbes d’oyats, accompagnées de quelques plantes rabougries se maintiennent sur le sable blanc. La végétation s’épanouit en revanche rapidement avec l’éloignement du rivage. Elle gagne progressivement en ampleur et se diversifie de nouvelles formes, matières et couleurs.

Face à l’instabilité de ce milieu les anciens habitants se sont établis en arrière de ces dunes et ont investi les terres cultivables. Cependant depuis un siècle une succession de stations balnéaires a colonisé le milieu dunaire et dédoublé les vieux villages agricoles. Les nécessités de cette nouvelle implantation en front de mer ont profondément modifié le paysage. Des pins ont été plantés pour fixer le sable et des dunes aplanies pour permettre un quadrillage urbain dense.

Bien que chaque station possède ses propres caractéristiques Stella-Plage se détache immédiatement de l’ensemble. Son plan en étoile est emblématique mais c’est surtout l’histoire de sa difficile édification qui marque sa singularité. Retardé par l’avènement de la première guerre mondiale le projet de sa construction n’est réalisé que dans les années 20. Stella-Plage ne peut alors rivaliser avec la station voisine du Touquet qui avait pris son essor dès la fin du XIXème siècle. Pour profiter des équipements sportifs de cette dernière, son développement très rapide s’effectue par l’arrière, quelques villas s’implantant tout de même en front de mer. La seconde guerre mondiale avec ses destructions retardera encore l’édification de Stella-plage : la moitié des villas est détruite et le reste fortement endommagé. Après la guerre, la reconstruction reprend rapidement, facilitée par une politique d’urbanisme peu contraignante. Les opérations de constructions dont certaines sont très importantes se font au coup par coup sans cohérences entre elles. Malgré ce succès retrouvé, de nos jours, la station demeure inachevée.

Le cœur de la structure autour duquel rayonne les axes principaux reste complètement vide. Initialement la place de l’étoile devait s’organiser en réponse d’un équipement majeur, le Casino. L’îlot prévu pour ce dernier n’ayant jamais été investi, l’espace public est surdimensionné et perd toute sa logique. A cette étendue sans forme définie s’ajoute de nombreuses dents creuses et une large bande vide, le cours des Champs-élysée qui sépare les immeubles de la digue et les quartiers résidentiels arrière. Le plan inachevé laisse, en outre, de grands massifs dunaires enserrer le front de mer. Enfin la largeur des rues est rarement exploitée. Toutes ces caractéristiques contribuent à faire ressortir l’hétérogénéité et la faible densité du bâti.

Comme toutes les stations touristiques, Stella-Plage vit selon deux rythmes saisonniers très différents. Lors des journées ensoleillées de l’été la vie de la station bat son plein. La plage et la rue principale sont bondées et les commerces font recette. On estime que la ville peut se peupler alors jusqu’à 30 000 habitants. En dehors des périodes de vacances la vie de Stella-Plage prend bien évidemment un autre visage. Bien que de nombreuses résidences soient fermées, il reste encore quelques habitants à l’année. Ceci permet à l’essentiel des services et commerces de rester ouverts. Ces habitants travaillent essentiellement à l’extérieur et viennent rechercher à Stella le calme de ses petites rues désertes. De nombreux retraités s’installent également pour profiter du bord de mer.

Stella-Plage rencontre donc un succès indéniable. Cependant, même en pleine saison un grand vide divise la ville entre le bord de mer et les commerces. Redéfinir les espaces centraux, leur retrouver un usage et un sens permettra  de redonner à la station sa cohérence. Il s’agira donc d’élaborer un programme de développement de l’habitat en complétant les dents creuses tout en respectant les espaces dunaires. Les espaces publics devront être requalifiés en clarifiant leurs usages. La présence de la dune au centre même de Stella-Plage constitue une de ses particularités et doit conduire la recomposition de la station balnéaire.