Etudiante : Valérie Parvais
Directrice de mémoire : Jacqueline Osty
On a tous droit au bonheur. La relocalisation des Arènes de Nanterre.

C’est sur une friche d’un hectare située entre le campus de l’Université Paris X et les voies de la nationale 186, sur la commune de Nanterre, à l’ouest de Paris, que les Arènes de Nanterre ont établi leur campement il y a une quinzaine d’années. Les Arènes se composent de deux compagnies circassiennes (Tralalasplatch et les Noctambules) et d’une compagnie « d’agriculture de spectacle » (la Ferme du Bonheur). D’une grande originalité en région parisienne, les Arènes intègrent une école de cirque haut niveau, des lieux de représentation et de résidence accessibles à de jeunes compagnies et un lieu centré sur les animaux et les cultures en milieu urbain, proche des préoccupations environnementales actuelles. Aux confluents de projets urbains, artistiques, écologiques originaux, cet endroit fédère des personnes de toutes origines et conditions : des architectes aux amateurs de nouveau cirque en passant par des étudiants et des personnes en rupture sociale. Il s’y tisse des liens originaux et durables qui construisent la ville et la vie.
Or la commune, qui avait cédé le droit d’occuper « temporairement » le lieu, reprend autorité sur ce terrain. En effet, sur cette parcelle est prévu un programme immobilier dans le projet Seine-Arche, vaste plan d’urbanisme de l’ouest parisien. Ce projet dessine le prolongement de l’axe historique de Le Nôtre du Louvre à Saint-Germain, au delà de la Grande Arche de la Défense, jusqu'à la Seine, sur la commune de Nanterre. L’établissement public d’aménagement Seine-Arche (EPASA) prévoit ainsi la construction de 17 terrasses plantées qui descendent jusqu’à la Seine, la construction d'immeubles de logements et de bureaux ainsi que la réhabilitation du tissu urbain de Nanterre. Colonne vertébrale de ce plan d’urbanisme, ces terrasses engazonnées, sur dalles, où il ne se passe rien ou pas grand chose, sont un prolongement de La Défense dans tout ce qu’elle a de disfonctionnement et de froideur. L’EPASA réquisitionne le terrain des Arènes et condamne les compagnies et la Ferme du Bonheur à quitter les lieux en 2010. Cette réquisition met donc en péril leur devenir et ce qui se vit là-bas en tant que morceaux de vie et de ville.

Il me semble impératif de donner aux Arènes les moyens de continuer à exister. Elles sont un lieu de création, de sociabilité et de mixité rare, qu’il est nécessaire de pérenniser. Les qualités d’espace public et d’architectures des Arènes en font également une magnifique façon de créer la ville, ce qui manquera indubitablement aux futures terrasses du projet Seine-Arche. C’est pourquoi je prends le parti de relocaliser les Arènes sur ces terrasses.

Dans un premier temps, il me faudra étudier comment fonctionnent ces compagnies artistiques (leur organisation spatiale, sociale, leur relation avec la population et leur environnement). Il s’agit de dégager leurs principes de fonctionnement, leurs besoins et les outils à utiliser dans l’aménagement des nouveaux espaces (par exemple, la mobilité, les architectures légères, l’autosuffisance énergétique et l’impact minimum sur l’environnement).

Dans un second temps, il s’agira d’analyser le projet des terrasses et d’en identifier les contraintes techniques (couverture de l’A4) et politiques (Grand Paris). Il sera alors possible de déterminer quels sont les endroits pertinents à investir, comment et à quel moment du projet le faire. Puis il s’agira de créer une nouvelle organisation fonctionnelle entre les compagnies, en lien avec la ville de Nanterre, qui prendra en compte l’idée de transversalité pour lutter contre l’extrême linéarité de l’axe, et relier les différents quartiers. Ce projet propose donc de résoudre simultanément deux problèmes, et, en profitant du contraste de ces deux dynamiques urbaines, de créer un épanouissement mutuel : que les Arènes apportent ce qui manque de qualité d’espace et de vie au projet Seine-Arche et qu’ainsi elles puissent développer et amplifier leurs univers.