Etudiant : Marc De Decker
Directrice de mémoire : Claire Dauviau
La ligne de RER C4, le temps d’un voyage entre Paris et Dourdan.

Au commencement, il y a un voyage en Ile de France. Un voyage en RER, sur la ligne C4, entre les gares de Paris Austerlitz et Dourdan, son terminus dans l’Essonne. A double sens, 55 kilomètres de rails relient la ville et la campagne. Assez peu fréquenté dans sa dernière partie, le tronçon Paris-Juvisy-Bretigny-Dourdan est un sésame pour fuir ou regagner la capitale. Pendant environ une heure de voyage, ce RER nommé DEBA, DUFY ou LARA, traverse les villes limitrophes de la capitale en longeant la Seine. Il entre ensuite dans le val d'Orge, puis s’enfonce dans le Hurepoix, avant d’arriver à Dourdan, aux portes de la Beauce. A la fois RER des villes et RER des champs, il déverse brutalement son flot d’usagers dans la première couronne, puis égrène petit à petit les passagers restants jusqu’à son terminus. Dans l’autre sens, ils remplissent progressivement la rame avant de débarquer en masse dans les grandes gares parisiennes.

Au gré des allers-retours, les paysages linéaires de la banlieue sud défilent, évoluent, se mettent en mouvement, de manière quasi cinématographique. Aussi divers que variés, ils mêlent le continuum gris monotone, les friches ferroviaires, les océans de pavillons en meulière, les corridors forestiers, les espaces naturels, les vallées entraperçues, les champs cultivés ou le petit village en devenir. Bercé par le bruit des rails, le spectateur observe alors dans un sens le tissu urbain se relâcher, la densité diminuer et les premiers champs apparaître. Dans l'autre, il voit les parcelles agricoles et la forêt laisser la place aux lotissements et aux communes tentaculaires, prémices de la capitale.

Ce mouvement perpétuel apparaît comme un souffle qui viendrait, le long de son parcours, apporter petits et grands changements : des changements environnementaux, urbains, ruraux, sociaux… L’enjeu est désormais d’envisager ce tronçon de RER C comme une couture, un trait d’union dans le paysage de loin en loin, de proche en proche, de ne plus le considérer comme une barrière ou une saignée dans le territoire faite de talus, ponts, grillages ou passages à niveau.

En différentes séquences, plusieurs visions se croisent, à l’intérieur et à l’extérieur de la rame de RER. A l’intérieur, le RER inviterait les usagers à une nouvelle vision de ce dehors qu’ils parcourent tous les jours. Découvrir ce qui se cache derrière « l’écran », au delà des rails.
A l’extérieur et toujours en séquences paysagères, le mouvement du RER viendrait se confronter à de nombreuses problématiques ainsi qu’à différentes échelles.
A grande échelle, il pointe du doigt les questions de transition ville-campagne, de seuil urbain, d’urbanisation linéaire des vallons, de pression démographique , d’extension de la 3ème couronne, des modes de déplacements complémentaires, des migrations pendulaires, du mitage des campagnes, de l’agriculture périurbaine…
A une échelle plus réduite, ces séquences posent également les questions inhérentes aux zones de contact entre l’espace public, l’espace privé et l’espace ferroviaire.

Dans un schéma actuel et plus global d’éco-mobilité, la volonté d’abandon progressif du transport automobile au profit des transports plus propres, pose la question d’un nouveau RER. La problématique des transports en Ile de France n’a d’ailleurs jamais été autant au centre du débat (Grand Paris, Schéma directeur de la Région Ile de France, saturation du réseau existant … ).

Plus qu’un mode de déplacement, le RER devient alors une machine à regarder et à décrypter le paysage. Cette machine sillonne, influence et crée de l’espace. Elle peut apporter des réponses et des solutions aux enjeux soulevés par ce voyage que des milliers d’usagers font chaque jour.