Etudiant : Guillaume Barsalou
Directeur de mémoire : Jean Grelier
En Corbières, les terrasses de l'Orbieu : terroir et paysage ; le devenir d'un domaine viticole.

Entre le Languedoc et la Catalogne, le massif des Corbières, géant de pierre adossé aux Pyrénées, contemple la Méditerranée. Coulant vers le nord-ouest, la rivière Orbieu après avoir fendu la montagne en des gorges profondes, débouche dans une large vallée couverte de vignes, de garrigues et de chênes verts. Avant d'unir ses eaux à celles du fleuve Aude, elle serpente parmi des lits de galets le long des Corbières Narbonnaises. Au nord, au-delà du canal du Midi, se détachent les silhouettes vertes sombres de la Montagne Noire et des collines du Minervois, derniers soubresauts du Massif Central.  Abritées du Levant par des monts érodés, les terrasses de l'Orbieu s'offrent aux caresses sèches de la Tramontane. Des étendues pierreuses de chênes kermès couvrent le haut des collines. Sur le piémont, le vert brillant du vignoble, ponctué de cyprès et d'oliviers, nervuré par des rivières au cours capricieux, s'étend autour des villages, hameaux et domaines.

L'origine de la viticulture dans les Corbières remonte à l'Antiquité. Fondée par les Romains, la Narbonnaise a été le berceau de la vigne en Gaule. Mille ans plus tard, ce fut les ordres monastiques qui relancèrent le développement du vignoble dans cette région. A la fin du XVIIIème siècle, les coteaux des Corbières étaient occupés par une mosaïque de vignes, d'oliveraies, de champs céréaliers et de pâturages. Au cours du siècle dernier, avec le succès de la production viticole, la vigne devint une monoculture et la première activité économique du Languedoc. Le vin était en ce temps-là la boisson du quotidien. Mais à partir des années 8O, sa consommation commença sensiblement à chuter.

Victime de sa propre surproduction, la viticulture est aujourd'hui en train de devenir une activité secondaire dans les Corbières. Elle se concentre désormais autour des unités de vinification les plus performantes. Les vignes les plus contraignantes à travailler sont arrachées. Aux difficultés de la crise viticole viennent s'ajouter les effets du changement climatique, telle que la sécheresse, qui complexifient les choix à faire en matière de pratiques culturales. Le tourisme qui se développe depuis moins de 40 ans reste le secteur le plus prometteur dans cette région rurale peu peuplée et dépourvue d'industries.

Parallèlement, la perception, mais aussi le rôle du vin et de la viticulture évoluent. Si aujourd'hui, on ne saurait plus dissocier le vin de la gastronomie, d'autres domaines faisant appel à des notions sensibles, tel que le paysage, viennent renforcer l'identité du produit. Les vignerons prennent progressivement conscience que le paysage a un rôle majeur à jouer dans leur avenir.

La vigne va puiser au plus profond du terroir l'eau et les nutriments nécessaires pour donner des raisins. Ainsi le vin issu de ces fruits est souvent surnommé le « sang de la terre ». Un terroir est un territoire délimité, défini géologiquement et topographiquement, sur lequel se développe un agrosystème. Autrefois simplement considéré comme un espace de production façonné selon des objectifs agronomiques, le terroir tend désormais à être perçu comme le support du paysage.

Entre les villages de Névian et d'Ornaisons, les terrasses de Villenouvette s'étendent de l'Orbieu aux garrigues. La « Villa Noveta », l'un des plus anciens domaines fondé durant le haut moyen-âge, est témoin de l'évolution de cette région agricole depuis plus de mille ans. Au XIXème siècle, un château de style bordelais fut édifié sur les solides fondations de cette ancienne ferme cistercienne.

Aujourd'hui, une partie du hameau et des jardins, abandonnés, tombent en ruine. Datant de la Belle Epoque, le grand parc qui s'étend autour a subi d'importants dégâts lors de la tempête Klaus en janvier dernier. Seule l'activité du chai, « cœur économique »  des lieux, se maintient vraiment. Les vignerons se retrouvent aujourd'hui devant la question du développement durable. Or, conscients que la viticulture ne suffira plus à assurer la pérennité du site à elle seule, ils souhaiteraient diversifier leur activité et ouvrir le domaine de Villenouvette à l'œnotourisme.

L'espace viticole connaît des changements profonds. Au lieu de les subir, il s'agit de les anticiper et de participer à leur mise en forme.
Quelles sont les perspectives d'avenir pour Villenouvette ? Le site doit pouvoir évoluer et devenir bien plus qu’un lieu où on cultive la vigne et vinifie. Comment y réintégrer des usages non agricoles ? Comment conjuguer agriculture durable et accueil de nouveaux usagers ? Des pistes s'ouvrent : évolution culturale, diversification agroécologique, reconversion spatiale...  Quel rapport aura le paysage viticole de demain avec ce terroir aux portes des Corbières ?

Le rôle des marais salés pour le fonctionnement écologique des zones côtières a largement été démontré. Or, ces milieux ont été pour beaucoup détruits par des aménagements du littoral, dont les endiguements, en vue de gagner des terres sur la mer. Actuellement, la réouverture de polders à la mer est utilisée par de nombreux pays comme mesure de restauration de marais salés. Le but est notamment de protéger les côtes de l'élévation du niveau des mers, de restaurer les fonctions écologiques perdues lors de la destruction des marais salés et d’autre part de préserver le patrimoine naturel déjà inscrit sur les polders. La Baie des Veys connaît un très fort taux de sédimentation et une diminution générale de sa productivité. Ces deux facteurs peuvent être imputés à une poldérisation importante ayant abouti à une forte diminution des zones de marais salés. Une des solutions envisagées afin de résoudre ces problèmes écologiques est l’ouverture de polders à la mer. Son anthropisation a contribué à la progression du trait de côte. Le polder de Carmel près de Brévand montre un système permettant l’intrusion d’eau de mer dans le polder à travers un clapet.
3 communautés de communes entourent la Baie des Veys : 2 communautés de communes de la Manche, Ste-Mère-église et Carentan en Cotentin, et une communauté de commune du Calvados, Isigny Grandcamp. La Vire marque la limite administrative entre Manche et Calvados.
Dans ce contexte, il est important de prendre en compte les enjeux du Grenelle sur l'écologie, le développement et l'aménagement durables.
La circulation autour de la Baie est régie par la RN13. C'est un axe majeur où convergent les interactions entre les différents milieux, qu'ils soient naturels ou urbains. On n'aperçoit pas ou presque pas la mer alors qu'une vaste zone plane est bercée au fil des marées. Ce désert d'eau et de sable balayé par les vents semble être un lieu où seuls les oiseaux vivent. La Baie des Veys n'est pas ce paysage dénudé que l’on aperçoit au loin. L'histoire de ce site est considérable. L'urbanisation s'est installée en retrait de la Baie, dans des zones insubmersibles. Comment préparer l'avenir de ce paysage en mutation ? Comment intervenir sur un site aux multiples usages et natures ? Comment ne pas déséquilibrer cet espace ? Quels nouveaux usages pour ces terres naturellement gagnées à la mer ou quels nouveaux usages pour ces terres redonnées à la mer ? Quelle nouvelle position du trait de côte ? Quelle habitabilité ?