Etudiant : Thomas Audouard
Directrice de mémoire : Catherine Farelle
La Baie des Veys : les rivières de l'estran.

Le littoral est une zone dynamique où s’opère la délicate rencontre de la Terre et de la Mer. Lieu de tous les dangers, de toutes les pressions, le littoral est une charnière paysagère délicate et fragile. A partir de cette rencontre physique, des signes gravés en profondeur annoncent pourtant la présence de la terre loin sous la mer et la présence de la mer loin dans les terres.
Ces espaces, depuis des siècles, ont été occupés et aménagés par l’homme. A l’image d’une articulation majeure, l’homme, au fils des siècles, a colonisé ces lieux stratégiques jusqu’à y réunir aujourd’hui toutes les contraintes de vie et de développement que l’on connaît (urbanisation, activités balnéaires, activités agricoles et piscicoles). La Baie des Veys est un lieu où les hommes ont cherché un co-développement pour travailler vers un équilibre fonctionnel. De par ses activités maritimes et agricoles, la Baie des Veys est un lieu où l’homme s’est permis d’approfondir cette relation intrinsèque entre la mer et la terre. Les Veys sont les passages à gué qui permettaient de franchir les rivières dont les cours se rejoignent pour former un immense estuaire que l'on nomme la Baie des Veys. A la limite entre le Calvados et la Manche, la Baie est la porte d'entrée vers le pays des marais du Cotentin et du Bessin dont le territoire est géré par le parc naturel régional. Créé en 1991, il œuvre à la protection de la nature et des paysages et au développement économique. De plus, située à la rencontre des bocages du Plain et du Bessin, la Baie des Veys dessine un angle droit rentrant dans les terres. Bessin, Cotentin ainsi que la moitié du bocage Normand sont drainés par un groupe de cours d'eau. C'est dans la Baie que converge la Vire, l'Aure, la Taute et la Douve. En cet endroit, les hommes ont poldérisé 4 800 ha. La présence de l’homme est fortement présente sur le territoire. C'est ainsi que des digues de poldérisation, la canalisation des chenaux, la défense contre la mer et les reliquats de bâtiments militaires marquent de leurs empreintes le territoire. Ces terres sont des lieux extrêmement ventés. Elles servent uniquement de prairies où bovins et équidés pâturent.

Le rôle des marais salés pour le fonctionnement écologique des zones côtières a largement été démontré. Or, ces milieux ont été pour beaucoup détruits par des aménagements du littoral, dont les endiguements, en vue de gagner des terres sur la mer. Actuellement, la réouverture de polders à la mer est utilisée par de nombreux pays comme mesure de restauration de marais salés. Le but est notamment de protéger les côtes de l'élévation du niveau des mers, de restaurer les fonctions écologiques perdues lors de la destruction des marais salés et d’autre part de préserver le patrimoine naturel déjà inscrit sur les polders. La Baie des Veys connaît un très fort taux de sédimentation et une diminution générale de sa productivité. Ces deux facteurs peuvent être imputés à une poldérisation importante ayant abouti à une forte diminution des zones de marais salés. Une des solutions envisagées afin de résoudre ces problèmes écologiques est l’ouverture de polders à la mer. Son anthropisation a contribué à la progression du trait de côte. Le polder de Carmel près de Brévand montre un système permettant l’intrusion d’eau de mer dans le polder à travers un clapet.
3 communautés de communes entourent la Baie des Veys : 2 communautés de communes de la Manche, Ste-Mère-église et Carentan en Cotentin, et une communauté de commune du Calvados, Isigny Grandcamp. La Vire marque la limite administrative entre Manche et Calvados.
Dans ce contexte, il est important de prendre en compte les enjeux du Grenelle sur l'écologie, le développement et l'aménagement durables.
La circulation autour de la Baie est régie par la RN13. C'est un axe majeur où convergent les interactions entre les différents milieux, qu'ils soient naturels ou urbains. On n'aperçoit pas ou presque pas la mer alors qu'une vaste zone plane est bercée au fil des marées. Ce désert d'eau et de sable balayé par les vents semble être un lieu où seuls les oiseaux vivent. La Baie des Veys n'est pas ce paysage dénudé que l’on aperçoit au loin. L'histoire de ce site est considérable. L'urbanisation s'est installée en retrait de la Baie, dans des zones insubmersibles. Comment préparer l'avenir de ce paysage en mutation ? Comment intervenir sur un site aux multiples usages et natures ? Comment ne pas déséquilibrer cet espace ? Quels nouveaux usages pour ces terres naturellement gagnées à la mer ou quels nouveaux usages pour ces terres redonnées à la mer ? Quelle nouvelle position du trait de côte ? Quelle habitabilité ?