Etudiante : ChenYu Zhou
Directeur de mémoire : Jean-François de Boiscuillé
Entre la spiritualité et la réalité. Projet pour la revalorisation des carrières Saint-Nabor et du couvent du Mont Sainte-Odile.

L'un est un haut lieu de la culture alsacienne, le témoin d'une légende religieuse.
L'autre est un énorme trou minéral, la trace d'une activité industrielle aujourd'hui abandonnée.

L'un attire un million de visiteurs chaque année par sa tradition historique.
L'autre est considéré comme un «point noir» dans le paysage, que certains évitent d'apercevoir malgré sa présence extrêmement marquante.

Ils sont le couvent Sainte-Odile, avec sa gigantesque fortification du Mur païen, sur une montagne vosgienne, et la carrière de Saint-Nabor, située à son pied.
Deux colosses du massif du mont Sainte-Odile.
Deux productions humaines qui marquent le paysage.
Ils sont à la fois semblants et opposants, ils manifestent la conquête de ce territoire par l'homme depuis le Moyen Age jusqu'à nos jours.

Mais si on les regarde autrement ?

Dedans-Dehors
Monter en voiture sur une élévation brutale culminant à 763 mètres au-dessus de la plaine est si pratique et rapide aujourd'hui. La cour du couvent remplie de visiteurs fait oublier l'altitude. La monumentalité de sa position stratégique remarquable se transforme par les panoramiques gigantesques sur les terrasses, depuis les piémonts jusqu'à la Forêt Noire.
Quand on rentre dans la carrière – le trou «terrifiant» vue de loin, la monumentalité remplace la simple sensation de choc visuel. Le projet de la mise en sécurité essaie de rendre le site plus «naturel» : les plantes commencent à s'installer sur les parois gigantesques transformées en gradins ; les ruissellements d'eau créent des espaces humides qui forment des «îlots vivants»... Un autre monde, après plus d'un siècle d'exploitation, est en train de se reconstituer, doucement mais sûrement.
Ces changements d'espace permettent d'ouvrir les regards vers plus loin, plus haut, mais aussi plus proche, plus bas.

Plein-Vide
Le couvent et le Mur païen sont une sorte de couvercle, le fruit des histoires que l'homme a vécu sur ce territoire. La carrière devient aujourd'hui un trou issu aussi de l'homme qui en a eu besoin pour se développer. Ils sont tous les deux chargés d'histoires qui lient à l'évolution du territoire.
Avec le temps, est-ce que la force religieuse du mont Sainte-Odile va se vider, comme ses monuments historiques se dégradent ?  La carrière réussira-t-elle à trouver son sens d'existence et à se remplir avec son passé industriel ?
Le plein et le vide sont, dans certains sens, pareils.

Sur cet énorme territoire, il y a aussi les châteaux des Seigneurs sur les monts vosgiens, la vallée des armeries, les villages des piémonts, les gravières en fin d'exploitation sur la plaine... Toutes ces traces humaines sont comme la structure paysagère alsacienne qui a une étonnante diversité, et sont si contrastées entre elles, bien qu'elles soient «belles» ou «moches».
Alors puis-je mettre un signe d'égalité entre le dedans et le dehors, le vide et le plein ?
Comment aiguiller les sites industriels abandonnés dans le contexte historique et culturel très fort de l'Alsace ?

Comment faire continuer l'évolution des activités humaines dans le paysage ?