Etudiant : Simon Schmid
Directeur de mémoire : Marc Claramunt
Tulle sur Corrèze. Une nouvelle identité pour la ville.

La Corrèze. Elle prend sa source dans les tourbières du plateau de Mille Vaches, draine un bassin versant de 947 km2 et, après un parcours de 95 km, se jette dans la Vézère à quelques kilomètres de Brive la Gaillarde. Cette rivière a donné son nom au département où on la qualifie de dernière rivière "sauvage". Symbolisant la fracture entre le massif central et la Plaine Aquitaine, la Corrèze née dans les montagnes de haute Corrèze passe par les deux villes les plus importantes du département : Tulle et Brive. à mi-chemin, sa vallée se resserre. Le décor est celui d'une vallée encaissée. La roche granitique affleure, souvent sous forme de falaises. Nombreux sont les versants où seuls quelques boisements ont réussi à s'implanter. C'est ici, dans ce contexte paysager si particulier, que s'est implantée la ville de Tulle. Lové au fond de cette profonde vallée, le tissu urbain se déroule au fil de l'eau sur une bande très étroite, mais longue de plusieurs kilomètres, du nord-est près du stade au sud-ouest au-delà de la gare. La ville épouse les formes marquées du relief. De part et d'autre du cours d'eau, la ville s'entasse. Par manque de place, elle s'est lancée à l'assaut des coteaux. Il en résulte un tissu urbain déstructuré et peu fonctionnel.
Préfecture de Corrèze, Tulle est localisée au coeur géographique du département. Depuis toujours, la ville a joué un rôle important aussi bien sur le plan politique que sur le plan industriel. La ville a connu ses heures de gloire grâce à l'industrie de l'armement qui y connut un grand succès. D'abord fabriques royales, ces industries atteignent leur apogée au début du 20ième et plus particulièrement pendant la guerre où de nouvelles usines sont construites. En 1917, on recense plus de 4400 ouvriers employés. Ce paysage industriel fortement ancré dans la ville et les constructions massives marquent considérablement le paysage. Confiné en fond de vallée, le tissu urbain s'étale au fil de l'eau. Les transports se développent, la ville se densifie, s'étend et s'élève. Tulle n'est plus à l'échelle du territoire qui la contient ! Petit à petit, le cours d'eau a perdu son rôle fédérateur. Difficilement accessible, la Corrèze est reléguée à l'arrière-plan, comprimée par la ville qui l'entoure. En fin de 20ieme, les industries de la ville connaissent un fort déclin. Certaines ferment, d'autres délocalisent. Les conséquences sont dramatiques pour Tulle. Forcés de se diriger vers d'autres secteurs d'activité, grand nombre d'habitants quittent la ville. L'aire urbaine de Tulle connaît alors des difficultés importantes. Ces dernières années, la ville a perdu 25 % de sa population. Mise à l'écart et solitaire dans sa vallée, la ville repousse, elle n'attire plus, ne plaît plus. La réalité économique est difficile. Les jeunes quittent la ville. D'ici à 2015, les ressources en main-d'oeuvre de la zone devraient encore diminuer de plus de 8 %.  La ville est pourtant un pôle administratif notable qui mobilise grand nombre d'emplois. Mais Tulle ne suscite plus grand intérêt. Les navettes domicile-travail sont très importantes, notamment avec l'aire urbaine de Brive (agglomération voisine) et la couronne périurbaine voisine. Elles concernent 20 % des emplois. La population préfère habiter ailleurs.

Conscients de l'impasse dans laquelle Tulle s'est engagée, les services de la ville aussi bien que les associations d'habitants réagissent. Ils sont prêts à tout pour restituer au cadre urbain son attractivité et pour attirer une population nouvelle (résidents et touristes). De nombreux projets ponctuels sont à l'étude sur la ville, notamment en ce qui concerne le logement ou les infrastructures (nouvelle gare, médiathèque, musées, navette avec Brive, l'agglomération voisine...) 

Ne pourrait-on pas envisager de mener une étude généralisée sur ce territoire malmené afin de penser à un renouveau de ce contexte urbain ?

Patrick Faigenbaum, cet été, lors de son travail photographique sur Tulle, a comparé la ville  à " une vaste nature morte". Seul élément "naturel" rescapé, la Corrèze ne pourrait-elle pas devenir ce fil conducteur vivant, autour duquel viendrait se tisser une nouvelle dynamique urbaine, durable et respectueuse de son  environnement ?  Doit-on chercher à  intégrer  le tourisme au coeur de la stratégie de développement local ? Comment y parvenir ? Comment y redévelopper de l'activité ?  Comment  conférer une identité nouvelle à cette vallée urbaine ? Comment en faire un lieu de vie enfin acceptable pour les différents acteurs et usagers qui se côtoient ?