Etudiante : Claire Gageonnet
Directrice de mémoire : Claire Dauviau
Voir Vierzon centre : entre Canal et Nationale.

Vierzon : 29000 habitants en 2007 (contre 36000 en 1975), sous-préfecture du Cher. Depuis longtemps, je me rends dans cette ville pour prendre le train vers Lyon et le sud de la France : entre le passage du pont métallique, aux couleurs criardes, au-dessus du chemin de fer, et la traversée de la ville  par la large route nationale, rien n’invite à s’attarder. Rien n’est fait en petit, et tout se voit : tout ce qui hante habituellement les entrées de ville (affichage publicitaire, pans monochromes des hangars et supermarchés,) a trouvé ici sa place dans le tissu urbain, emboîté dans des quartiers modestes et d’anciens temples de béton, paysage taiseux qui nous plonge dans la monotonie. Vierzon fait partie de ces lieux dénigrés, certainement à cause de cet aspect « hors d’usage », daté. Mais dans quelle mesure une ville est-elle responsable ou victime de son image ? Comment, sans la trahir, la rendre attractive ?

J’ai donc eu envie de découvrir cette ville  atypique, à la frontière entre Sologne et Berry, ville  de la révolution industrielle, qui semble s’être « pétrifiée » depuis les retombées de la mondialisation et la délocalisation des usines.
En prenant la route nationale qui la transperce d’ouest en est, en passant devant la gare puis en plein centre-ville, les échelles se mélangent. De même, les places, les parkings, les constructions d’après-guerre, font écho à la dimension monumentale des usines qui ont colonisé l’espace en bas du petit centre ancien. Cette présence simultanée d’immeubles HLM, de hangars industriels, et de petits commerces, au-delà de l’aspect visuel, est certainement une chance. C’est en tout cas un exemple rare de mélange d’activités et de formes architecturales, qui fait souvent défaut aux centres aseptisés des petites villes.
Néanmoins la vision d’ensemble est brouillée : on cherche ce qu’il y a d’important, des repères. D’ailleurs, cette pluralité se retrouve au niveau de la ville  elle-même, faite à partir de quatre communes (fusion en 1937 de Vierzon Ville, Vierzon Village, Les Forges, Bourg-Neuf) qui sont autant de quartiers quasi-indépendants, presque des villages.
C’est là qu’on trouve pittoresque et quiétude, dans ces faubourgs qui voient l’eau à leur porte. Car Vierzon est baignée dans toute sa longueur : le Cher et l’Yèvre y serpentent, et le canal du Berry, bordé d’alignements majestueux, attire les pêcheurs et promeneurs : ces eaux et ces îlots forment un jardin  linéaire  en contrebas et en écho  de l’avenue principale.
Mais cette configuration porte la nostalgie d’une époque prospère où la commune était plus peuplée : aujourd’hui les habitants se plaignent du manque d’animation, dissolue peut-être dans ce « vague » et les vides qui la creusent.

Je commence donc avec un questionnement : comment réfléchir sur la centralité d’une ville  qui se dépeuple par le centre tout en s’émiettant sur un territoire  égal en surface à Paris intra-muros ?  Où faut-il intervenir ? Que  faut-il toucher pour réveiller  la ville  et la faire parler ?

Ce sujet m’intéresse car il répond à un besoin aigu de réinterprétation et d’invention, à l’égard d’une ville marquée par le chômage et le vieillissement de la population, et qui souffre de plus en plus d’une image négative. L’opportunité de faire un projet  se présente aussi car la route nationale qui traverse Vierzon va bientôt passer soit au département, soit à la commune, ce qui va être l’occasion de revoir le schéma de circulation entre la gare et le centre-ville.  Je ne sais pas encore qu’elle sera l’étendue du projet, mais peut-être faudra-il se concentrer sur un immense parking posé sur le canal, lieu en attente au creux de la ville, lien possible.