Etudiant : Frédéric Duperray
Directrice de mémoire : Catherine Farelle
Torrents du Grésivaudan, du sauvage au domestique.

« Torrents : l'évocation est forte. L'image irrésistiblement nous renvoie à la nature sauvage, indomptée, provoquant en nous une sensation incomparable de liberté. Le torrent vit ! Placé sous haute surveillance, il continue de défier les hommes à la faveur d'aléas climatiques exceptionnels. La débâcle peut alors devenir terrifiante, ravageuse comme l'actualité nous le rappelle épisodiquement. En Isère, le torrent est un élément essentiel de notre paysage. Il traverse ici un village, là il coule aux portes de la ville. Il fait partie de notre histoire mêlant instants estivaux et séquences dramatiques. » (1)

La vallée du Grésivaudan se situe dans la partie Est du département de l’Isère, aux portes de Grenoble ; elle s’étend sur un peu moins de 50 Km jusqu’à Montmélian. Elle est bordée par deux massifs très différents. Côté Ouest, la Charteuse, caractéristique rempart de falaises majestueuses, fait partie des Préalpes calcaires. à l’Est s'élève le massif cristallin de Belledonne. Des collines boisées nous mènent jusqu’à un replat, un balcon habité, puis ce sont les hauts sommets dénudés et les glaciers alpins.

L’Isère, rivière alpine de régime nivo-glaciaire, draine ces reliefs. Aujourd’hui largement endiguée, elle serpentait autrefois, déposant ses alluvions, colmatant le fond de vallée, aplanissant la plaine alluviale. Inondé de limons fertiles, le vaste couloir du Grésivaudan fut très tôt agricole. Nos ancêtres s’étaient installés sur les cônes de déjection des torrents, à l’abri des avalanches et des crues, préservant les terres arables.

Foyer de civilisation, la vallée du Grésivaudan est aussi connue pour être le berceau de l'épopée de la houille blanche, où l’on détourna la force des torrents aux bénéfices du développement industriel. Puis vinrent les nouvelles technologies ; conduisant à un essor plus déconnecté du territoire, si ce n’est pour la recherche d’un environnement porteur.

On urbanise aujourd’hui de plus en plus loin dans la plaine, et de plus en plus près des torrents. Le chapelet de villages qui s’étend de part et d’autre de la vallée est aujourd’hui presque continu, et il s’éloigne de plus en plus du centre névralgique Grenoblois. Pour autant certains de ces villages ont réussi à conserver un caractère très marqué, sans doute grâce à l’omniprésence des reliefs et des cours d’eau capricieux qui en descendent.

Certains de ces torrents sont tristement célèbres, comme le Manival ou « vallon maudit », pour les catastrophes qu’ils ont pu occasionner. Ceux-ci, reconnus depuis longtemps comme ravageurs, sont aujourd’hui largement aménagés pour éviter de trop amples dégâts. Digues de protection, ouvrages en marches d’escalier, zones de capture des galets : le RTM (service de Restauration des Terrains de Montagnes de l’ONF) a fourni un gros travail pour maîtriser les torrents caractériels. C’est qu’il a fallu concentrer tous les efforts vers certaines fortes têtes conduisant peut-être même à les sur-aménager ? D’autres cours d’eau seraient-ils sous-aménagés ? C’est ce que tendent à prouver les inondations d’août 2005 lorsque des torrents méconnus, comme le Vorz, le Domeynon ou le Bréda, se sont soudainement mis à gronder de manière inquiétante.

Bien sûr, ces « petites rivières » ne provoquent pas de catastrophes généralisées. Mais, avec l’urbanisation galopante des contreforts alpins à proximité de Grenoble, les risques qu’elles présentent deviennent de plus en plus sensibles.

Les 49 communes de la vallée du Grésivaudan dont certaines ont plus de 30 % de leur territoire menacé par les torrents, sont regroupées dans un pays, le Pays du Grésivaudan. Il travaille actuellement sur les crues des torrents. Avec le SYMBHI, Syndicat Mixte des Bassins Hydrauliques de l'Isère et le RTM, le Pays programme les besoins en aménagement autour des phénomènes torrentiels qui le menace.

Jusqu’où peut-on domestiquer des torrents et quelle place donner à la sauvagerie de l’eau vive dans le bassin versant du Pays du Grésivaudan ?

L'étude sera conduite dans les limites du périmètre du Pays du Grésivaudan. Cette unité administrative correspond à la réalité du bassin versant de la vallée du Grésivaudan. On examinera plus particulièrement certains sous-bassins, pour retenir quelques cas judicieux de torrents qui posent problème. On prendra soin de considérer dans cette sélection chaque côté de la vallée.

Ceci conduira à traiter une ou plusieurs applications. Par exemple, dans le bassin versant du Vorz, côté Belledonne, le torrent traverse la commune très rurale de Sainte-Agnès, puis la ville sous pression urbaine de Villard-Bonnot avec sa zone d'activité, et trouve son pendant côté Chartreuse avec le Manival.

(1) Noèle Roy, Présidente de l'Institut des Risques Majeurs, extrait de Risques Info n°8, Avril 1997