Etudiant : Thibault Barbier
Directrice de mémoire : Dominique Caire
Un monde insulaire en question.

L'heure, c'est l'heure : le dernier bateau de la journée, celui de 19 heures, n'attend au mieux que vingt minutes plus tard. Une fois à bord, un coup de corne de brume et on quitte Quiberon pour une croisière de 50 minutes, temps nécessaire pour traverser les 15 kilomètres qui séparent l'île de Houat du continent. Longue de 5 Km sur 1 Km de large, Houat, la Canne en breton, s'étend sur une superficie de 288 ha et compte – au dernier recensement – 318 habitants permanents, regroupés dans une commune unique située à l'Est de l'île.
Jusqu'à la fin du XXème siècle, l'île vivait en quasi-autarcie et les rapports avec le continent se limitaient à l'activité commerciale. La moindre parcelle de terre était exploitée : les champs étaient cultivés le plus souvent à lanières ouvertes, et les landes étaient essentielles pour les bêtes. L'usage domestique et les défrichements, les chemins creux et les haies composaient un paysage extrêmement varié, laissant l'espace ouvert sur ce territoire aux larges perspectives maritimes.
L'intensification des liaisons entre île et continent, la mise en place de bateaux réguliers, les évolutions économiques ont eu pour conséquence l'abandon progressif de l'activité agricole insulaire. Dans les années 1930, on comptait encore un cheptel de 150 vaches. En 1962, il n’était plus représenté que par 26 bêtes, et quelques années plus tard, il avait entièrement disparu. En 1952, les zones cultivées (cultures agricoles et à ajoncs) accusaient déjà un net recul. 30 ans plus tard, les agriculteurs avaient déserté l'île et les terres agricoles retournaient à la friche ou se muaient en terrain à bâtir.
L'île s'est alors retournée vers son port, unique et dernière source d'activité, gage de la vie insulaire. Le reste du territoire plongea alors dans l’oubli et ainsi commencèrent à disparaître inexorablement patrimoines architectural (chemins historiques, fort Vauban) et paysager, lentement modelés au cours des vies par la main et l’œil des habitants.

Aujourd'hui, à l’image de nombreuses îles habitées subissant une remise en cause de leur système économique et idéologique, Houat est un territoire en crise.
Depuis les années 80, à chaque pleine saison, le nombre d’habitants sur l'île se multiplie par 10. Cette intense fréquentation touristique, partiellement gérée, est perçue par les habitants comme une menace pour l'âme de leur territoire. «La peur de voir se dessiner un avenir précaire, dépendant des humeurs des touristes». La disparition progressive et presque inéluctable de la pêche est un crève-cœur pour les Houatais et une profonde interrogation sur  leur modèle insulaire. Force est de constater que le port s'est fatigué. Actuellement, on ne compte plus que 19 bateaux alors qu'il y a à peine 30 ans, ils étaient plus de 50.
Pays sans paysans, et d'ici à quelques générations île sans marins, Houat, comme nombre de ses consoeurs de l'archipel du Ponant, est un territoire en panne d'avenir, résignée à subir un lendemain incertain.

L’île possède pourtant en elle un potentiel en sommeil qui lui permettrait de sortir des ruines du passé.
Comment accueillir  un tourisme en accord avec l’île et ses habitants ?
Quel avenir pour ces espaces et ce patrimoine abandonnés, oubliés, qui constituent le cœur même de l'île ? Existe-il une activité, une gestion à réinventer ?
Quelle est la place de l'Homme sur ce territoire insulaire ?

Dans le cadre d'un travail de fin d'études, il serait intéressant de comprendre et mener une réflexion sur le devenir des espaces insulaires aujourd'hui, comme celui de l'île de Houat. A travers cette thématique, le projet tentera de tirer parti des potentiels actuels de ce territoire pour mettre en oeuvre  toutes ses capacités à s'adapter aux contraintes présentes et à s'ouvrir à l'avenir.