Etudiant : Antoine Abarnou
Directeur de mémoire : Jean Mahaud
Avis de grand frais, des embruns dans la ville.

Le front de mer urbain est un des seuls lieux où se rencontrent un espace sauvage et un milieu profondément anthropique. Leur rapport se place entre la cohabitation et la confrontation, mais peut-il aboutir à la symbiose ? Cette question de la relation entre le littoral et la cité varie énormément selon l’usage des populations vis-à-vis de ce milieu naturel qui demeure une richesse et une menace. 
Antoine de St Exupéry a dit : “c’est justement parce qu’on ne connaît pas l’avenir qu’il faut le préparer”, sorte de prémice visionnaire du principe de précaution. Nous savons pourtant que cet avenir passe forcément par la résilience, le fait que les humains doivent s’adapter pour surmonter les épreuves qui peuvent les briser, pour résister et se reconstruire. En effet, face à ces cinquante dernières années de pillage des ressources et de pollution massive, l’Homme se doit de réagir promptement. L’écologie est la seule idéologie qui a émergé au XXeme siècle, le XXIeme sera celui de sa mise en pratique.
Pour cela, chaque espace doit dorénavant être conçu dans cette démarche de “développement durable”, pour alléger le système, économiser et produire proprement. La pratique, certes plus développée en architecture, doit s’exprimer dans l’espace public urbain. Aussi, le littoral, riche de ses influences maritimes, bénéficie de larges apports environnementaux qui doivent être analysés, recueillis, transformés puis redistribués afin d’être utilisés.
Cette démarche nécessite d’être compatible avec la vocation des lieux, l’usage des populations. Le lieu retenu pour développer le projet est le site du Péristyle à Lorient situé entre le centre-ville et la rade. Cet espace fut l’embryon de la ville lorsqu’au XVIIIeme siècle la Compagnie des Indes y installa un port de commerce doté d’infrastructures réalisées par l’architecte Gabriel. Suite à la révolution, la zone devint un arsenal militaire jusqu’en 2007 où 7,5 Ha furent achetés par la communauté d’agglomération. Dotée d’une nouvelle façade maritime, la ville de Lorient dispose d’un espace central de développement mêlant de multiples enjeux.
La vocation du Péristyle est d’être rendu à la population en l’ouvrant sur la ville pour créer un quartier à vivre où habitats, entreprises, lieux de culture et de divertissements cohabiteront pour ne former qu’un tout.
Comment, sur ce site historique où subsistent les derniers vestiges cachés du Lorient d’avant-guerre, sur cette zone tampon entre la cité et le milieu marin au contact de l’arsenal, sur cette trame du XVIIIeme siècle remaniée par l’activité militaire, sera-t-il possible de dessiner le quartier de demain ?
Dans quelle mesure la zone se pourra de puiser les forces naturelles afin de respecter l’environnement ? Le but est en effet de profiter de la situation particulière du lieu, là où la terre rencontre la mer, pour mettre en place un système doux  utilisant la cogénération, les apports maritimes et les caractéristiques climatiques pour produire une énergie totalement renouvelable. De manière globale, le quartier se doit aussi d’être exemplaire en terme de déplacements, d’utilisation des déchets, d’assainissements, de gestion des espaces...
Se peut-il de créer un espace public passif ? productif ? L’idée est d’approcher l’autonomie du quartier sur le plan énergétique afin de minimiser son empreinte écologique. Sans rentrer dans la conception des bâtiments, mais en s’inspirant de constructions économes, la volonté est de créer un espace public capable de s'auto-alimenter et de compléter les besoins des usagers du lieu.  Telles sont les problématiques auxquelles ce travail de fin d’études se doit de répondre. En forme d’utopie concrète, cette réflexion sur la destinée d’un nouveau site urbain, en début de XXIeme siècle, aboutira à de nouvelles formes paysagères correspondant à des pratiques respectueuses de l’environnement ainsi qu’à de nouveaux modes d’appropriation de l’espace fréquenté.