Etudiante : Héloïse Neveu
Directrice de mémoire : Catherine Farelle
L’estuaire de l’Adour ; cargos, parasols et industries.

L’estuaire de l’Adour présente une image singulière depuis sa traversée de l’agglomération de Bayonne jusqu’à son embouchure dans l’océan Atlantique. Le fleuve dévoile ici un statut de frontière entre deux régions aux fortes personnalités : la Gascogne et ses forêts de pins au Nord et le Pays Basque et son relief de collines avec pour horizon les Pyrénées au Sud. D’un point de vue administratif, la situation, à cheval sur deux départements (les Landes et les Pyrénées-Atlantiques), ne facilite pas la cohérence en matière d’aménagement et de gestion de l’estuaire.
Et sur le plan physique, depuis le dernier pont de Bayonne (H. Grenet) jusqu’à la mer, il n’y a plus aucun franchissement. Les deux rives se font face, un peu étrangères l’une à l’autre : la rive landaise industrielle et portuaire, et la rive basque plus résidentielle et urbaine. La rive landaise (rive droite) est occupée sur presque tout son linéaire par les zones industrielles et portuaires de Boucau puis Tarnos. Tandis que sur la rive basque (rive gauche) se succèdent le centre de Bayonne, puis le port du Soufre du Lazaret puis la marina et les zones résidentielles et de loisirs d’Anglet proches de l’océan. Les paysages de l’estuaire sont donc largement marqués par l’étendue du port de Bayonne qui crée un décor insolite à la ville, avec les grands volumes des hangars, les aciéries, les hautes grues et les vestiges des jetées ; tout un patrimoine fascinant et contrastant avec la plage, la ville et les activités de loisirs. Ces espaces ne sont pas oubliés par la population ; bien au contraire, les docks ouverts sont souvent investis ; on y croise des pêcheurs à proximité des grues et des promeneurs intrigués par ces mastodontes de fer. La grande digue de Tarnos et les jetées, bien qu’interdites d’accès, constituent des promenades très appréciées par les habitants. Et puis, on se surprend à observer, depuis la rive gauche, le spectacle industriel des grues chargeant les cargos dans un vacarme de ferrailles entrechoquées.
L’estuaire de l’Adour se confond donc avec son statut de port. Mes réflexions ne peuvent que s’inscrire dans le schéma général des stratégies du port de Bayonne. Les différents objectifs énumérés dans la charte portuaire (1997) expriment la volonté d’un développement économique du port, mais aussi celle d’assurer la cohabitation harmonieuse des différentes fonctions et de favoriser la réappropriation par la population. Depuis son approbation, certaines réalisations ont été achevées ; il s’agit principalement de réponses aux projets d’extension portuaire et du développement du transport maritime, comme la création de zones d’import-export. D’autres objectifs, comme la réappropriation du port par la population, sont restés au stade des études.
L’estuaire est un vaste territoire qu’il me semble pourtant important d’aborder dans sa globalité, et d’approcher par un travail de rive à rive. Comment ne plus voir ce fleuve comme une frontière mais comme un élément fédérateur ? Est-il possible de rétablir sur chacune des rives les continuités aujourd’hui souvent interrompues ? Comment faciliter le contact entre les diverses activités (lieu de vie, de travail, de vacances, de transport, de loisirs…) et les enchaînements entre elles ? Est-il possible de développer un tourisme portuaire ? Comment mettre en valeur le patrimoine paysager de l’estuaire tout en respectant les projets économiques du port ? Comment lui apporter une écriture plus lisible ? J’illustrerai ces propos par un projet qui se concentrera sur un ou plusieurs lieux exemplaires.