Etudiant : Nicolas Lebreton
Directeur de mémoire : Michel Boulcourt
Nomadisme, l’art d’habiter le paysage.

Le terme de nomadisme se lit sur toutes les lèvres. Les impératifs économiques, l’éclatement de la cellule familiale, l’accroissement du temps libre payé sont autant d’événements qui poussent les hommes à la mobilité. Attention ! Le terme de « nomade » désigne une population dont l’habitat, mobile, suit un itinéraire pour sa survie. Le mode de vie nomade est une composante originelle et inéluctable de l’humanité dont la phase sédentaire n’est qu’un détail au regard de son histoire et du monde. En quoi le nomadisme, aujourd'hui et demain à l'échelle de l'Europe, peut-il être un mode de vie idéal ?
Le nomadisme, comment habiter un territoire et vivre un paysage ?
La grande majorité de la société recherche la stabilité, la sécurité et le confort en se fixant. Elle rejette alors tout mode de vie alternatif par peur, instinct de protection et ignorance. Paradoxalement, elle reste fascinée, en proie au fantasme et émoustillée par la mobilité. Or une société fixe est amenée à dépérir. La dernière impératrice chinoise Cixi en commandant un navire de pierre dans le palais d’été en guise de pavillon signait symboliquement la mort du régime impérial séculaire. L’immobilité est l’apanage de la peur et de la mort.
Une fois le nomadisme reconnu, les sédentaires, organisateurs et propriétaires d’espaces, doivent assimiler la halte des voyageurs. Du groupe ethnique culturellement nomade aux camping-caristes du dimanche, l’Etat et les collectivités doivent intégrer cet état de fait. Il leur faut jouer avec la nature des groupes, la saison, l’activité….
La coexistence des sédentaires et des itinérants génère une multitude d’échanges et de tensions. Ils se traduisent par une relation constructive souvent fragile mais bien existante. à défaut, ils aboutissent à des conflits dont les représentants élus doivent se sortir. La position des gouvernements a évolué au cours de son histoire, tour à tour tolérants ou répressifs mais rarement favorable.
La confrontation et le partage des terres géré par une tradition paysanne (sédentaire) induit une multitude de heurts d’importance variable. Une chaîne de conflits politiques, culturels, sociologiques gèle les relations entre les sédentaires et les itinérants. Avant toute action sur le territoire d’une ville, de son agglomération, de l’espace rural, il me faut repérer chaque obstacle. En vue de bâtir ou de mobiliser un véritable réseau de relations tout en veillant à une intimité entre les citoyens eux-mêmes (nomades, mi-nomades - mi-sédentaires et sédentaires) et les « visiteurs » (touristes, réfugiés, européens). 
Mon travail entreprend de prouver les liens profonds, culturels et fonctionnels, tissés entre l’homme nomade et le Paysage (en tant que source économique, physique et culturelle). L’organisation spatiale des lieux de haltes ne se résume pas à une aire d’accueil. Elle doit s’adapter au contexte géographique, social ainsi qu’à l’évolution des modes de vie semi-sédentaires des populations conduites à se fixer pour la scolarisation des enfants et le passage rigoureux de l’hiver. Il s’agit aussi de constater et d’anticiper ce que « l’accueil » ou le rejet des gens du voyage génère.  
Concrètement, je travaillerais à l'échelle d'une voie de communication (touristique, économique, culturel), le Val de Loire et d’une agglomération, Nantes qui s'implante dans ce val. Pour Jean-Baptiste Humeau, docteur en géographie sociale et directeur de l’école doctorale d’Angers, le val de Loire constitue un territoire très apprécié des voyageurs. Nantes offre à la fois, la complexité d’un grand et ancien tissu urbain, un contexte géographique, une source de services agricoles, artisanaux, … Enfin, cette ville a l'expérience d'une réflexion et de la construction des premiers systèmes d’accueil.

Mon objectif consiste à dessiner des espaces urbains et ruraux favorisant une relation symbiotique, existante mais trop souvent stérile ou conflictuelle, entre les sédentaires et les itinérants. Alors que les  lois offrent aux communes une solution inadaptée. Comment assurer, par le dessin concret de l’espace, des lieux communs d’échanges politiques, commerciaux, sociaux, culturels et religieux ? Réussir à valoriser les richesses géographiques, économiques, culturelles d’un territoire. éviter l'isolement intégral des populations. Accompagner concrètement, physiquement, la force du nomadisme.