Etudiante : Anaïs Jeunehomme
Directeur de mémoire : Marc Claramunt
Pour une nouvelle dynamique paysagère du canal latéral au Grand Morin.

La branche alimentaire du canal de Meaux, à Chalifert, se situe au nord de la Seine-et-Marne, à proximité de Val d’Europe, le secteur IV de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée. Elle s’inscrit dans la vallée du Grand Morin, en fond de vallée, encadrée de part et d’autre par deux coteaux.
Son parcours, long de 3,4 Km, débute sur la commune de Saint-Germain-sur-Morin, traverse Montry et s’achève à Esbly. C’est dans ce dernier bourg que la branche alimentaire se jette dans le canal de Meaux à Chalifert.

Le canal de Chalifert a été construit en 1840 afin de contourner la grande boucle de la Marne et faciliter la navigation entre Meaux et Chalifert. La branche alimentait alors le canal de Chalifert en eau issue du Grand Morin.
Cent ans plus tard, la réalisation d’un barrage sur la Marne, à Meaux, offre un nouvel approvisionnement en eau pour le canal. Cette solution permet de réguler l’étiage du canal et rend possible le passage de péniches à fort tonnage.
La branche alimentaire perd alors toute utilité, la connexion avec le Grand Morin est comblée sur quelques centaines de mètres, l’écluse est condamnée. Le canal est segmenté par la construction d’une route, sur la commune de Montry, qui divise alors le cours d’eau en deux tronçons, sans lien.
Le canal s’inscrit dans un ensemble hydraulique important. On trouve des ensembles naturels comme :
_ le ru du Lochy, affluent de la rive gauche du Grand Morin, dont la source se situe à Magny-Le-Hongre (Val d’Europe) ;
_ le Grand Morin, qui prend sa source dans le département de la Marne, à Lachy, et se jette dans la rivière la Marne en deux endroits : à Condé-Sainte-Libiaire et à Esbly ;
_ la Marne, rivière du Bassin Parisien et principal affluent de la Seine, dont la source se trouve en Haute-Marne ;
Et des ensembles artificiels, tels que :
_ l’aqueduc de la Dhuis, captant les sources de la rivière Dhuis à l’est de Château-Thierry, pour les amener par gravité jusqu’à Paris ;
_ le canal de Meaux à Chalifert, qui puise son eau dans la Marne via une écluse à sas, à Meaux ;
_ plus au nord encore, on rencontre le canal de dérivation de l’Ourcq, qui a permis, dans un premier temps, de faciliter l’approvisionnement de Paris en bois de chauffage et de construction.
Ce réseau hydraulique dense engendre des problèmes d’inondations, notamment au niveau du ru du Lochy, qui a débordé, il y a quelques dizaines d’années, inondant les zones pavillonnaires à proximité (communes de Saint-Germain-sur-Morin et Montry).

Aujourd’hui, le canal n’est plus entretenu, ses berges sont le plus souvent laissées à l’abandon, une végétation luxuriante s’y installe. Le tronçon oriental forme une étendue d’eau stagnante envahie par les lentilles d’eau, peu respectée par les riverains, puisque l’on y trouve de nombreux déchets. L’autre partie, à l’Ouest, conservant son lien avec le canal de Chalifert, contient des eaux renouvelées, attractives pour les pêcheurs locaux.

Le canal présente actuellement un aspect délabré, surtout aux abords de Saint-Germain-sur-Morin. Il apparaît comme un lieu laissé pour compte, sorte d’arrière-scène inutile et déconsidérée par les communes. On se remémore son utilité passée, au détriment de son caractère présent. Le nommer « canal latéral au Grand Morin » permet de lui attribuer une identité propre, indépendamment du caractère utilitaire.
Comment ce canal qui, auparavant, était un élément nécessaire à la vie locale, dynamisant, facilitant les déplacements et favorisant l’économie, est-il devenu aujourd’hui un élément perturbateur, frontière physique limitative de l’urbanisation ?
Comment cet ouvrage hydraulique, aujourd’hui perçu comme marginal, par sa non-affectation et sa position spatiale, peut-il devenir un lien fédérateur entre les communes ?

Quelle place a le canal au niveau local ? Peut-on envisager de l’insérer dans un système hydraulique plus large ou faut-il tendre à une logique de comblement ?