Etudiant : Joris Dupont
Directrice de mémoire : Dominique Caire
Charleville-Mézières : réhabilitation du secteur des Forges St Charles.

Ancrées dans les méandres de la Meuse, les villes de Charleville et de Mézières se sont développées au rythme de la rivière. Plus récente que son aînée, Charleville (1606) s’est construite selon un plan en damier dont les grands axes partent de la place Ducale pour rejoindre la Meuse. Malgré la fusion de 1966, on parle encore des deux villes et on en oublierait presque qu’un morceau de territoire semble mis à l’écart.
Lové au creux d’un méandre, entre la gare et la Meuse, il fut de tout temps considéré comme extérieur au centre ville. D’abord planté d’un bois aux allées géométriques par Charles de Gonzagues lors de l’édification de la neuve citée, il évolua considérablement au cours du temps, jusqu’à être aujourd’hui occupé par les industries (suite à l’avènement du chemin de fer et la construction de la gare) qui ont contribué à la croissance économique de Charleville.
Le déclin industriel de la seconde moitié du XXe siècle signa la perte des usines sur le secteur des Forges. La première à fermer ses portes fut l’usine Gailly (fonderie), puis ce fut au tour des Forges St Charles (acier) qui lui faisaient face. Celles qui avaient créé la vie du quartier n’étaient plus.

Aujourd’hui la ville évolue, elle est en pleine mutation. Consciente de l’intérêt et de l’opportunité que représentent ces sites autrefois délaissés, la municipalité a engagé depuis plusieurs années une politique de préservation du patrimoine local et industriel de la fin du XIXe et du début du XXe.
Le secteur des Forges St Charles, dont la ville vient de faire l’acquisition, fait naturellement parti de ces espaces convoités.

Délimité de manière physique et historique, c’est un site industriel en centre ville qui s’étale en lanières perpendiculaires à la Meuse depuis la rue des Forges St Charles. Il est directement connecté à l’avenue du Petit Bois, artère principale de la ville, qui la traverse d’Est (du cimetière) en Ouest (à la Meuse) et dont la place Ducale (jumelle de la place des Vosges à Paris) constitue le temps fort.
Le site se compose des usines Gailly (entièrement rasées), des forges St Charles (à l’état de friche) et de l’usine Deville à l’avenir incertain, mais également des anciens abattoirs, de dépôts ferroviaires et de petites habitations qui se défont lentement. Ici c’est le silence, un ailleurs, à la fois si loin et si proche du centre ville.
Au delà, la Meuse, et dans le prolongement de l’avenue du Petit Bois, le coteau abrupt du ‘’Bois en Val’’, au pied de la rive droite. Ce coteau, c’est l’horizon, le paysage dans les rues de la ville, la possibilité d’une continuité, d’un basculement de l’urbain vers la campagne. Mais ce sont aussi les boisements et la ZNIEFF, les jardins ouvriers et une vue imprenable sur l’ensemble de l’agglomération.

N’y a-t-il pas la possibilité de mener une étude sur ce secteur malmené, de bâtir une nouvelle image pour ce quartier ? Tirer parti de ce contexte paysager si particulier pour faire de ce lieu l’articulation entre la ville et la campagne.

L’enjeu de la démarche sera de donner un second souffle à ce territoire et définir la part du paysage dans ce travail.