Etudiante : Vanessa Villeneuve
Directeur de mémoire : Marc Claramunt
PORT-DES-BARQUES DANS L’ESTUAIRE DE LA CHARENTE : ENTRE MARAIS, HUITRES ET PATRIMOINE MONDIAL
Deux langues de terre s’avancent et accompagnent le fleuve jusqu’à la mer. Ces terres hautes, sur lesquelles se sont installés les hommes, prédominent le paysage horizontal des marais.
Au bout des presqu’îles, les communes de Fouras et de Port-des-Barques ont sans doute leur singularité, mais elles appartiennent au même paysage : celui de l’estuaire de la Charente.
La mise en valeur de ces territoires soulève actuellement de nombreuses questions puisque ces espaces font actuellement l’objet d’une demande d’inscription « patrimoine mondial » auprès de l’UNESCO. Pour les acteurs locaux, l’enjeu se situe au niveau du patrimoine architectural : l’ancien arsenal de Rochefort et ses dizaines de fortifications militaires dispersées dans l’estuaire à faire découvrir au nouveau public. Car le classement de l’estuaire au patrimoine mondial, c’est aussi 20% de touristes en plus chaque année. Les marais créés et entretenus par l’homme constituent le paysage si caractéristique de l’embouchure de la Charente.
Mais, devant les préoccupations économiques, la préservation de ces paysages naturels n’est-elle pas le véritable enjeu de ce classement ?
Les techniques agricoles de mécanisme et de drainage, l’agriculture intensive, se sont développées dans les marais durant les années 75/85, s’affranchissant du milieu et de ses contraintes. Les fossés ont été comblés, les parcelles aplanies sur des dizaines d’hectares. Ainsi la diversité du paysage a en partie disparue, simplifiée sous une même nappe de champs, maïs ou tournesols. Aujourd’hui, la mise en culture du marais s’est stabilisée, mais il ne reste que 49000 ha de prairies naturelles sur 95000 ha en 1979. De plus, l’assèchement du marais cause aujourd’hui d’autres problèmes, notamment pour l’avenir de l’ostréiculture. Le manque d’eau douce nuit gravement au développement de l’huître dans le bassin de Marennes et nécessite une réflexion sur la gestion de l’eau et des milieux humides le long de la Charente.
Comment gérer ces espaces fragiles ? Est-il possible de leurs redonner leur fonction première de réserve d’eau ? Comment valoriser et faire découvrir ces milieux, lieux de richesses écologiques et de biodiversité ?
Situées à l’entrée de l’estuaire, les communes de Port-des-Barques et de Fouras sont au cœur de ces transformations. Ces espaces particulièrement sensibles et fragiles font la valeur des paysages de l’estuaire et sont vus de loin depuis l’océan et les marais. Mais, alors que sa voisine Fouras (3835 habitants) constitue la principale ville balnéaire, Port-des-Barques, elle, se cherche toujours. Elle nous accueille avec son camping, des parkings surchargés en été, un front de mer délaissé…
Entre urbanisme et paysages naturels, tourisme et ostréiculture, diverses questions se posent pour cette commune de l’estuaire.
Comment maîtriser l’urbanisation avec des problématiques liées à la qualité paysagère et des limites urbaines ? Comment gérer les espaces naturels ? Comment valoriser ce territoire à travers l’activité emblématique de l’ostréiculture ? Peut-elle devenir un attrait touristique ?
Que signifie ce classement au patrimoine mondial pour cette petite commune de Port-des-Barques ? Comment trouver le juste équilibre entre l’activité humaine et la préservation de la nature ?