Etudiant : François Travert
Directeur de mémoire : Marc Claramunt
UN BOL D’AIR MARIN ENTRE LES POINTES DU GROUIN ET DU HOC
Ici, face à Utah Beach, la mer sape, érode, corrode et ramène parfois sur les plages des vestiges des batailles du débarquement allié de 1944.
Du large, la côte est un trait quasiment horizontal formé de falaises, de digues, d’épis et de jetées. Parfois fait de constructions artificielles de protection, parfois ouvrage naturel nourricier des grèves, le trait de la côte s’est déplacé et change encore d’aspect au gré des besoins humains ou à la faveur des éléments naturels.
De la côte, par endroits, au milieu des « champs » d’huîtres ou de blé, des éléments d’architecture militaire émergent et ponctuent cette ligne du littoral. Un sentier, à la fois servitude et promenade, relie ces points. Avec le temps, certaines portions du sentier sont tombées à la mer, et les blockhaus apparaissent comme d’inutiles masses construites. Tantôt inclus dans un site touristique sur-fréquenté, tantôt utilisés comme base pour le maintien des digues, ces blocs de béton sont tous des témoins d’histoires encore très présentes dans les esprits. Aujourd’hui, on ne sait pas si on doit laisser s’en aller cette mémoire avec les marées et les tempêtes. On ne sait pas non plus s’il faut sanctuariser les sites spectaculaires pour satisfaire le tourisme militaire, en agissant contre les éléments naturels.
Entre les Pointes du Grouin et du Hoc, 15 kilomètres de rivages sont dessinés par des polders, un port de pêche et des falaises. Ce parcours donne à voir la frange littorale, frontière territoriale et physique en perpétuelle évolution, que ni les tactiques militaires en 1944, ni le génie civil depuis des siècles, n’ont réussi à fixer.
Histoire de reconquête militaire, histoire de conquêtes de la terre sur la mer et vice-versa, la côte raconte, mais le sentier du littoral n’est plus le fil du dialogue entre la terre et la mer.
Comment concilier la mémoire avec l’évolution naturelle et les divers usages de la côte ?
Comment penser la réouverture aux touristes du sentier du littoral ?
Comment des polders, un front de mer urbanisé et des falaises, en fait, comment trois paysages côtiers différents mais à l’histoire commune peuvent évoluer ?