Etudiante : Natacha Chevreau
Directeur de mémoire : Marc Claramunt
LE ZOO DE VINCENNES OU LA PETITE HISTOIRE D’UNE RENAISSANCE
Aller au zoo de Vincennes veut dire aller voir des animaux sauvages. Ces choses curieuses venues de contrées lointaines. Parmi elles, girafes, rhinocéros, éléphants. Parquées en raison du risque qu’elles représentent, elles sont montrées à un public dont la curiosité n’a d’égal que l’enthousiasme suscité par les barrissements ou autres rugissements. Ces animaux sauvages sont dangereux et inquiétants, mais bien gardés en cage, pour le bon déroulement de l’exposition.
Nous sommes en 1934.
Aller au zoo de Vincennes aujourd’hui, à Paris en fait, est différent mais pas tant que cela. Aujourd’hui, on continue d’aller voir des animaux, non plus perçus comme sauvages, mais lointains et en danger pour la plupart. Les animaux sont montrés, sur 15 hectares, dans des enclos avec un peu de verdure. On s’y rend avec les enfants, pour qu’ils voient en vrai les dessins publiés dans leurs livres. Ou comme au parc, un petit tour de poussette, deux éléphants, un loup et des sacs de cacahouètes. Surtout les cacahouètes.
Habitué aux sensations fortes, le visiteur-consommateur est un être indifférent que les animaux, patauds et devenus familiers, n’étonnent pas.
Le visiteur exceptionnel doute de se trouver véritablement dans ce lieu dont il a beaucoup entendu parler et qu’il a rêvé.
Le visiteur francilien, un régulier qui a grandi en même temps que le zoo a vieilli, s’attriste. Mais où est donc passé le zoo de Vincennes ? Où est donc passé le mythe ?
La réalité est plus terne que les souvenirs : le zoo est mort.
Les animaux sont partis faute de lieux d’accueil décents et réglementaires. Les faux rochers, témoin historique tant du lieu que de la technique, se desquament et s’effritent. Et menacent la sécurité de tous, hommes et bêtes. Les arbres penchent et luttent contre la maladie du temps. Les visiteurs ont déserté l’endroit, par défaut. Autrefois deux millions, on parle aujourd’hui de 450000 visites par an, et le chiffre décline de jour en jour. Seuls restent quelques guichetiers sous le rideau à rayures rouges et blanches, et les soigneurs de ceux des animaux qui sont devenus, avec le temps, non déplaçables sans risquer le pire.
Le zoo est mort parce qu’il a vieilli sans évoluer. Parce qu’on l’a oublié là, vieille machine à montrer. Machine obsolète. Machine qui a déraillé.
Le rêve et l’imaginaire, et même la réalité, s’en sont allés.
A l’heure de sa mort, plusieurs questions voient le jour :
Quelle est la pérennité d’un imaginaire collectif et de l’espace qui le contient ?
Quelle est la relation entre les hommes, les bêtes et la ville ?
Quel avenir pour un lieu chargé d’histoire ?
Le zoo est mort. Vive le zoo !