Etudiante : Amélie Saboural
Directrice de mémoire : Claire Dauviau
LA RIVIERE ARDECHE, CREUSET DES PROJETS DES COMMUNES DE LA BOUCLE D'AUBENAS
Mes premiers pas vers le diplôme m’avaient mené en Suisse, le long du Rhône, avant son embouchure dans le Léman. Déjà brusque et violent, il se trouve canalisé par un corset de béton et semble aspirer à une nouvelle vie. Il sera bientôt revitalisé.
Projet hydraulique de précision. Projet à l’échelle du fleuve. Projet de 30 ans. Le Rhône m’est soudain apparu dans son immensité et sa revitalisation comme le projet d’une vie.
C’est pourtant de cette rencontre avec le fleuve-roi que s’est peu à peu dessinée ma volonté. L’essence de mon attirance pour ce projet résidait précisément dans l’idée de la revitalisation d’un fleuve et de la restauration de son état initial : dynamique.
L’acceptation de cette dynamique implique un changement d’état d’esprit, amorcé par la volonté politique, et surtout, d’un rapport à l’eau courante. La perception du fleuve n’est plus seulement celle des contraintes et du risque, mais aussi celle d’une chance et d’un atout. Cette masse d’eau, à juste titre redoutée par les riverains, et que les collectivités ont tenté d’étouffer ou de dompter, s’avère être une véritable génératrice de paysages.
C’est en suivant le cour du Rhône que l’on trouve, parmi ces nombreux affluents, une rivière capricieuse et lunatique, l’Ardèche. Caractéristique des rivières cévenoles, squelettique pendant tout l’été, elle se gonfle et s’emporte soudainement l’automne venu.
L’Ardèche donne son nom au département, pourtant très composite, qu’elle traverse et qui trouve ainsi sa cohérence. Elle naît de ce qui est encore le massif central, et ouvre déjà les portes de la Méditerranée.
Passant à travers de multiples substrats, elle creuse étroitement son lit lorsque la roche est dure et s’évase dès que la géologie le lui permet. Dans ses divagations, l’homme viendra s’installer et utiliser, les terres remaniées et déposées par la rivière pour cultiver et élever, les balcons rocheux pour habiter et surveiller, et enfin, la force de cette eau pour turbiner et mouliner.
La boucle d’Aubenas, entité géographique et administrative, constitue un des méandres de l’Ardèche. Elle regroupe la ville d’Aubenas, sur son éperon rocheux surplombant la rivière, et les communes du fond de vallée, situées en pied de coteau ou sur les premières pentes. L’Ardèche apparaît, du fait de ses inondations successives, comme l’élément perturbateur, mais elle peut également s’avérer fédératrice. En effet, Aubenas la Haute ne se contente pas de regarder de son balcon passer la rivière et son flot de touristes. Elle envisage dans l’élaboration de son nouveau PLU de relier la ville et la rivière et de s’associer aux communes riveraines pour valoriser les berges et les zones inondables de l’Ardèche. à leur tour, ces communes, qui subissent directement les risques liés aux inondations, souhaiteraient pouvoir continuer à s’étendre et se développer, ces zones inondables leur apparaissant comme des réserves foncières interdites.
Il s’agit de penser la somme des projets envisagés de manière cohérente à l’échelle de la boucle d’Aubenas, entité réelle par sa géomorphologie et par son occupation humaine ; ce en préservant le fil conducteur et identitaire qu’est la rivière, et en valorisant les rives de l’Ardèche, tant par les projets concernant les loisirs et le tourisme, par la construction de zones artisanales et commerciales, que par la gestion, la préservation ou la création d’écosystèmes dynamiques. Pour qu’aujourd’hui ce territoire reste actif et attractif.