Etudiante : Eléonore Court
Directrice de mémoire : Dominique Caire
PAYSAGE LITTORAL DE LATINA
à soixante-dix kilomètres au sud de Rome, les anciens marais pontins ont été asséchés pour développer la plaine agraire de Agro Pontino et fonder différentes villes, dont Latina, sous le régime fasciste de Mussolini, il y a soixante-quinze ans.
Cette transformation radicale, violente, a été le début d’un développement rapide, d’une course en avant qui s’accélère toujours sous la pression de Rome. La commune de Latina est devenue un territoire composite confus, une mosaïque complexe avec le développement de constructions abusives qui s’étirent comme une toile sur toute la plaine, lui faisant perdre, peu à peu, son caractère agricole. Ce développement humain cherche encore à se définir, à se justifier et à s’émanciper de son passé. Les populations qui furent déportées pour coloniser ce nouveau territoire sont en quête de racines, d’éléments qui les rattacheraient à ce sol.
Le littoral constitue la limite ouest de la plaine, de la commune, et indirectement de la ville. Cette frange est un espace transitoire, défini par sa propre dynamique, ses écosystèmes à la fois complexes et fragiles. Entre espace maritime et plaine, s’étire une longue frise instable, limite ultime au développement humain incontrôlé. Ce contact entre terre et mer nous fascine, cette immensité fluide capte notre regard sans jamais parvenir cependant à dissiper un malaise. Cet espace porteur d’imaginaire depuis le XIXe siècle, valorisé dans nos représentations collectives, ne fonctionne plus. Le cas de Latina n’est qu’un exemple, parmi tant d’autres en Europe, d’aménagement en zone littorale. Cette ville s’est transformée en un point de convergence entre, d’une part, la pression touristique sans cesse plus prégnante, et, d’autre part, le dynamisme d’un développement forcené généré par sa proximité de la capitale romaine. La commune est donc condamnée à inventer des solutions pour concilier ces deux logiques totalement dissemblables.
C’est dans ce cadre que s’inscrit ma réflexion. Il nous faut comprendre ce site en termes de paysage, pour en révéler toute sa complexité : comprendre le contact entre l’homme et ce territoire, et prendre position sur les grandes problématiques suivantes :
- repenser l’urbanisation balnéaire, en particulier sur la frange urbaine construite sur la dune et proposer des solutions alternatives au développement de Borgo Sabotino,
- proposer de nouvelles liaisons entre le littoral et le reste du territoire et particulièrement avec le centre ville mais également avec l’ensemble de la plaine Agro Pontino,
- traiter le contact entre le parc national de Monte Circeo et l’espace urbanisé sur le site du lac Fogliano dont l’ancienne villa Caetani. Il s’agit de préserver ce site tout en lui permettant d’évoluer sans perdre pour autant son identité propice à la contemplation et à l’observation des milieux,
- s’interroger sur la question de l’évolution du site de la centrale nucléaire de Borgo Sabotino et du polygone militaire. Compte tenu de la complexité de mener des actions d’aménagement sur ces sites actuellement gelés, mon travail consistera uniquement à les intégrer à ma réflexion dans un cadre plus large de stratégie de développement à l’échelle territoriale,
- évaluer l’intérêt de la création de certains équipements publics liés au tourisme qui sont en discussion actuellement à la commune comme la création d’un port pour relier Latina aux îles de Ponza. Il s’agit de prendre parti sur ces idées et d’émettre le cas échéant des contre-propositions.
Le littoral est un espace soumis à une pression humaine importante et ce, à travers le monde. Il est devenu nécessaire de réfléchir ces territoires comme des paysages en évolution constante et proposer des solutions d’aménagements durables.