Etudiante : Pascale Nedjari
Directrice de mémoire : Dominique Caire
BREST SUR PENFELD OU RECOUVRANCE RETROUVE LE SENS DU PAYSAGE EN SE TOURNANT DE NOUVEAU VERS SON SITE ORIGINEL

Ce qui m’a amenée à choisir ce sujet est d’abord son site.
Brest est une ville passionnante sur les plans urbanistiques et historiques. « Ressuscitée » de la dernière guerre, elle s’est métamorphosée : d’une topographie plutôt capricieuse et charmante, son visage a été fait net et plus plat par les remblais de la Reconstruction. La ville, ainsi surélevée par rapport à son site d’origine, a vu sa rivière natale devenir une sorte de canyon artificiel et inaccessible.
L’homme, ou plutôt les hommes (de l’ingénieur au forçat) ont dompté les forces de la nature du lieu pour un résultat tout aussi puissant, mais gris et carré.
A Brest, extrême ouest de l’ouest du continent européen, « la vraie ville est l’arsenal ».
Le site de projet se trouve à l’embouchure de la Penfeld, élément de nature au cœur de la ville, qui se jette dans l’Atlantique au niveau de la rade de Brest, formant une ria dont les eaux salées pénètrent le continent jusqu’à un village du même nom, à l’entrée nord-ouest de la ville.
Depuis trois siècles, les militaires français occupent les deux rives de sa partie avale et la construisent. Le toponyme de ce projet : Pontaniou est une crique ou anse de la rive droite qui appartient aujourd’hui au fameux quartier de Recouvrance.
Ici, dans les actuels bassins n° 2 et 3 du port de Brest, des générations de navires de la Royale ont été bâties et restaurées. Mais bien d’autres histoires émanent de ce lieu.
Hors de l’enceinte militaire : une prison, une maison de correction pour femmes et filles de mauvaise vie et une Caserne des marins sur le plateau de Pontaniou…
De ces usages, trois espaces différenciés forment encore un cadre autour du chantier naval : le plateau de Pontaniou au sud ; la levée de Pontaniou et son bâtiment pont, derrière quoi la prison, le terrain de la Madeleine et la rue Saint Malo, au fond de l’anse ; le plateau des Capucins au nord.
Ce dernier est actuellement en reconversion et fait l’objet d’un concours d’architecture qui doit aboutir en février 2004. Cette opération est une « première » pour la Communauté Urbaine de Brest, et va permettre le développement du quartier de Recouvrance, face au centre-ville aménagé.
De là, l’idée de relier ce futur quartier à l’ancien, et au centre-ville. Faire un lieu commun, ouvert sur la Penfeld, berceau des deux parties.
Le regard de paysagiste que j’apporte au départ d’un mouvement plus ample de réappropriation des quais par la ville et les habitants, si l’avenir le permet, se veut exemplaire et efficace.
Le moyen d’accéder au paysage avant de l’arpenter concrètement est la vue.
Une première intention : ouvrir, depuis le pont de Recouvrance jusqu’au plateau des Capucins, permettrait de retrouver le vis-à-vis essentiel des deux rives, aussi bien depuis Brest que depuis Recouvrance. Pour conforter l’opération des Capucins, la deuxième intention assurerait le lien piéton entre l’ancien et le futur quartier jusqu’au centre-ville, desservant ainsi les différents espaces de projet.
Et dans l’idée de recoudre avec le chapelet d’espaces publics plantés existants le long du rivage, la troisième intention : créer un parc en belvédère sur la ria d’un côté et sur le chantier naval de l’autre, mettant ainsi en scène la crique, encore animée par cette activité.
Le projet part donc de deux volontés : le désir de montrer en spectacle l’industrie et l’espace démesuré de l’arsenal, dans le temps qu’il occupe encore les rives de la Penfeld ; ainsi que celui d’entamer la reconquête du site de Brest par ses habitants.